Cette réforme survient dans un contexte où des millions de Camerounais sont sans cette pièce officielle. "Je suis allée me faire établir la carte nationale d’identité en 2021, mais on ne me l’a jamais donnée, nous sommes en 2024, je n’ai que le récépissé de demande cette carte", s’alarme Jeannine Mendogo, une résidente de Yaoundé.
Lire aussi : Le Cameroun agrandit son parc énergétique avec l'injection de 60 mégawattsSa situation est loin d’être un cas isolé. "J’ai fait une première demande de la nouvelle carte nationale d’identité en 2017 et elle est sortie puis je l’ai perdue, depuis lors, j’ai fait plusieurs demandes sans succès pour avoir une autre carte nationale et je me demande pourquoi ça traîne comme ça", s’indigne Julienne Ondoua une gouvernante de maison, son expérience est encore complexe.
Cette absence de document de citoyenneté n’est pas sans conséquences pour Olive Mengot, une originaire de l’une des deux régions anglophones. "Pour parvenir à voyager entre Yaoundé et Douala, il fallait que je donne 1000 francs CFA aux policiers ou gendarmes en route au niveau du poste de contrôle de Mbankomo et au niveau du poste de contrôle Bonabéri à Douala, avant d’entrer dans la région du sud-ouest, je donnais encore 1000 francs CFA pour arriver à destination", confie-t-elle.
Durant ses déplacements, Olive raconte que le fait qu’elle soit sans carte nationale d’identité lui a portée préjudice. "J’ai pourtant fait à deux reprises, la demande de la carte nationale d’identité, en 2016 et 2019, ce n’est jamais sorti", regrette-t-elle.
Dès décembre prochain un nouveau système d’identification sécuritaire entrera en vigueur au Cameroun. Les camerounais pourront ainsi se faire délivrer la carte nationale d’identité sous 48 heures.
"C’est un projet qui consiste à la construction de 68 centres multi fonctionnels ultra modernes à travers les 10 régions du pays et les 58 départements, en plus on va rénover 219 postes actuels d’identification" a annoncé, Labinot Carreti, directeur général de la société en charge de mettre en place ce nouveau système d’identification. "Tout va changer", mentionne-t-il. "Ça va commencer par une application en ligne pour dématérialiser, il y’aura désormais prise de rendez-vous en ligne, on va assurer aussi l’expédition des cartes à travers tous les postes d’identification."
Des centres de productions seront implantés à Douala, Garoua et Yaoundé et dans les autres chefs-lieux de régions et de départements. Une bonne nouvelle pour de nombreux Camerounais. Certains émettent néanmoins des réserves sur le bien-fondé de confier les données d’identification d’un pays à une entreprise étrangère.
"Même pour les passeports actuels, nos données sont entre les mains d’une société étrangère et ce n’est pas du tout bon de savoir que les données d’identification d’un pays se retrouvent entre les mains d’une entité étrangère surtout à un an d’une élection présidentielle", commente Régis Kerbai, un jeune chef d’entreprise locale.
Les autorités de la police ont indiqué que quelques 3 millions de Camerounais ont une double identité, voire triple identité et ces derniers refusent de faire valider leur identification authentique car ayant développé d’autres avantages avec leurs multiples identités. Rien n’a filtré sur le coût de la carte nationale d’identité par pré-enrôlement.