Haïti : appui des Etats-Unis aux efforts de stabilisation

  • Eric Manirakiza

Le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken à Port-Au-Prince le 5 septembre 2024

Alors que Haïti traverse une crise politique, sécuritaire et humanitaire sans précédent, le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken s'est rendu jeudi à Port-Au-Prince pour réitérer le soutien de Washington à une force multinationale de sécurité dirigée par le Kenya pour stabiliser le pays.

Ralph Emmanuel François, activiste politique et entrepreneur social, souligne que l'implication de Washington dans la mission actuelle montre des signes de désaccord entre les différents niveaux de planification. Il observe : "La chose que je puisse dire, c'est que pour la visite (de Blinken), c'est clair qu'on voit que le violon semble difficilement s'accorder entre le niveau politique, le niveau stratégique et le niveau d'opérationnalisation de cette mission. Cette mission a besoin d'être renouvelée et Anthony Blinken veut s'assurer que nous ayons quelque chose de plus durable." En termes d’évaluation, Ralph Emmanuel ajoute que, sur le plan politique international, un changement de régime est en cours. Cependant, il critique l'absence de stratégie claire pour la mission et constate que les résultats sur le terrain sont décevants : "Sur le plan de la stratégie, il n’y a pas de stratégie claire pour la mission. Et sur le plan de l’opérationnalisation, les résultats sur le terrain sont décevants."

L'avis des Haïtiens

Concernant la perception de la force multinationale par les citoyens haïtiens, Ralph Emmanuel François explique que malgré un optimisme initial, les résultats restent insuffisants : "Quand la mission a été évaluée par les Nations unies, il y a eu un sentiment d'optimisme initial, mais en termes de résultats, il n’y a pas eu de petite victoire." Il souligne également que les attaques continuent de se multiplier, ce qui contribue au sentiment croissant de lassitude parmi les Haïtiens en raison de l'absence de résultats concrets : "Les attaques sourdes se multiplient. En termes de perception, les gens commencent à se lasser car il n’y a pas de résultats concrets malgré la présence internationale."

Les attentes haïtiennes

En ce qui concerne la prise en compte des attentes haïtiennes dans les plans de sécurité et de transition, Ralph Emmanuel François remarque une incohérence notable : "La perception est mitigée. Le violon semble ne pas s’accorder entre la stratégie et l’opérationnalisation. Il y a un manque de résultats concrets sur le terrain, et la situation perdure sans réelles avancées."

Risques de dépendance continue

Pour éviter une dépendance continue à l’international, Ralph Emmanuel François identifie les principaux risques associés à la force multinationale : "Le premier risque est celui des dégâts collatéraux, surtout avec l'augmentation des foyers de violence et la difficulté de contrôler le territoire." Il insiste également sur la nécessité de renforcer les institutions haïtiennes et de développer une force de sécurité nationale robuste pour diminuer cette dépendance : "Il est crucial de renforcer les institutions haïtiennes et de travailler sur une force de sécurité nationale robuste pour éviter une dépendance continue à l’international."

Rôle de la société civile

Ralph Emmanuel François reconnait le rôle essentiel de la société civile dans la crise actuelle, notant son implication dans les initiatives de transition. Toutefois, il observe une incohérence entre les stratégies et leur mise en œuvre : "La société civile joue déjà un rôle important dans la crise actuelle. Elle est impliquée dans les conseils présidentiels et les initiatives de transition. Cependant, il y a un manque de cohérence entre les stratégies et leur mise en œuvre."

Initiatives de paix locales

Enfin, Ralph Emmanuel François propose des initiatives de paix locales comme étant cruciales pour restaurer la confiance entre les communautés et sortir de la crise. Il suggère de se concentrer sur les initiatives de cohésion sociale existantes : "Il est essentiel de capitaliser sur les initiatives de cohésion sociale existantes et d’encourager les activités qui renforcent la communauté." Il ajoute que les initiatives doivent également se focaliser sur les jeunes et les femmes victimes de violences.