L'objectif est l'annulation de l'article 522 du code pénal ayant trait aux viols, agressions, rapts et mariages, et qui permet à un violeur d'échapper à la prison s'il épouse sa victime.
Une proposition de loi dans ce sens a été approuvée en février par une commission parlementaire et a été inscrite à l'ordre du jour de l'ouverture de la session parlementaire le 15 mai.
Sur la célèbre avenue qui borde la mer, très fréquentée le weekend, des militants de la société civile avaient accroché samedi à des cordes 31 robes blanches qui se balançaient au vent, suscitant la curiosité des passants.
"31 robes car il y a 31 jours dans un mois et chaque jour, une femme risque d'être violée et d'être forcée d'épouser son violeur", affirme Alia Awada, la responsable de la campagne de l'association Abaad pour la suppression de l'article 522.
"Nous tentons autant que possible de mettre cette question sous les projecteurs et de dire au Parlement qu'il est temps de voter la suppression de l'article", dit-elle.
L'article controversé concerne différents crimes, comme le viol, le viol de mineurs, les agressions, les rapts et les mariages forcés.
Il stipule que si "un mariage valide est contracté entre l'auteur d'un de ces crimes et la victime, les poursuites cessent et si un verdict a déjà été prononcé, son application est suspendue".
"Nous disons à tous les parlementaires la chose suivante: Chaque 'oui' (à la suppression) c'est un 'non' au violeur", explique-t-elle.
Debout parmi les robes, le ministre chargé des Affaires des femmes, Jean Oghassabian, juge que cet article date "de l'âge de pierre".
"Il est temps (de passer la loi) et c'est le second point à l'ordre du jour de la session parlementaire" qui s'ouvre le 15 mai, a dit M. Oghassabian, également député.
L'artiste libanaise Mireille Honein, qui a créé cet événement à Paris et l'a fait venir dans son pays natal, explique avoir "utilisé du papier pour souligner le côté éphémère du mariage et des lois". "Ce genre de loi vide la femme de son essence, de son identité", dit-elle.
Les passants, surpris, sont invités à signer une pétition demandant l'annulation de la loi.
Rafiq Ajouri, originaire d'un village du Liban-Sud, a été convaincu de signer le texte.
"Si j'étais violé (...) j'aimerais que des gens se tiennent à mes côtés", dit-il.
Quand la militante affirme à ce père de quatre garçons et trois filles que les femmes devraient bénéficier des mêmes libertés que les hommes, il se montre plus hésitant.
"Elles peuvent bénéficier de libertés mais avec des limites. Pourquoi? Et bien parce que ce sont des filles", lance-t-il.
Avec AFP