L'Iran évoque une période de "transition" en Syrie

John Kerry, secretaire d'Etat americain et son homologue iranien Javad Zarif, Vienne, 29 octobre 2015.

Téhéran s'est déclaré favorable à une période de "transition" de six mois en Syrie suivie d'élections permettant de déterminer l'avenir du président Bachar al Assad. Il s'agit d'une concession apparente avant la conférence de paix de Vienne, la première à laquelle Téhéran a été convié.

Les sources qui ont fait état de cette proposition expliquent qu'elle revient pour la république islamique à renoncer à faire du maintien d'Assad au pouvoir une condition préalable à tout accord, mais il n'était pour autant pas possible dans l'immédiat de déterminer si elle prévoit des mesures menant à son départ.

Le camp Assad a organisé des élections l'an dernier, qu'il a facilement remportées. Ses opposants ont rejeté toutes les propositions de transition et exigent qu'il quitte le pouvoir et soit empêché de briguer toute fonction élective.

Quoi qu'il en soit, un engagement à respecter une période donnée de transition représenterait une ouverture non négligeable de la part de l'Iran, le plus fidèle soutien du régime syrien, et pourrait servir de base à de nouvelles négociations internationales alors que la position d'Assad a été renforcée depuis un mois par l'engagement militaire de la Russie dans le conflit.

"L'Iran n'insiste pas pour maintenir éternellement Assad au pouvoir", a déclaré Amir Abdollahian, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, l'un des envoyés de Téhéran à Vienne vendredi, cité par des médias iraniens.

Un haut responsable du Moyen-Orient familier des positions iraniennes a déclaré que Téhéran pourrait aller jusqu'à retirer son soutien à Assad au terme de la période de transition.

"Toutes les discussions visent à aboutir à des compromis et l'Iran est disposée à conclure un compromis en acceptant qu'Assad reste six mois", a dit ce responsable à Reuters. "Bien sûr, c'est au peuple syrien qu'il appartiendra de décider de l'avenir du pays."

Jusqu'à présent, tous les efforts visant à trouver une issue négociée au conflit syrien ont achoppé sur l'insistance des Etats-Unis, des pays européens, des Etats arabes et de la Turquie à obtenir un départ d'Assad.

Cette position les a longtemps conduits à exclure l'Iran des pourparlers en arguant du fait qu'il refusait d'endosser les propositions des Nations unies appelant à une transition à Damas.

De son côté, Téhéran a longtemps déclaré qu'il ne soutenait pas Assad à tout prix mais qu'il appartenait aux Syriens de décider de son sort, une position qui revenait à avaliser les résultats des élections organisées par Damas.

L'engagement russe depuis la fin septembre a encouragé le camp occidental à tenter de relancer les efforts diplomatiques pour tenter de mettre fin à une guerre qui, en quatre ans et demi, a fait plus de 250.000 morts et quelque 10 millions de déplacés.

Moscou se battant au côté d'Assad, les pays qui réclamaient le départ de ce dernier ont pris acte du fait que les seuls combats ne conduiraient probablement pas à son départ du pouvoir.

Les signaux envoyés vendredi par Téhéran sur une possible transition politique, s'ils ravivent l'espoir d'un compromis, supposent que les opposants au président syrien acceptent eux aussi des concessions importantes, notamment la tenue d'élections auxquelles il pourrait être candidat.

Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a déclaré vendredi matin espérer que la réunion de Vienne permette des avancées mais il a reconnu que ce serait "très difficile".

Une prudence de mise aussi dans le camp français: pour le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, "c'est une bonne chose de commencer le processus politique, parce qu'il faut discuter. Mais il y a encore énormément, énormément de problèmes a régler et de différences d'approche entre les uns et les autres."

Jeudi, Josh Earnest, le porte-parole de la Maison blanche, avait déclaré que Washington attendait de la réunion de Vienne des signes de la volonté de Moscou et Téhéran d'user de leur influence pour favoriser le départ de Bachar al Assad.

Mais la Russie et l'Iran répètent que leur priorité est la défaite de l'organisation Etat islamique, qui contrôle une partie importante du territoire syrien.

Avec Reuters