Fort de la statistique qui a vu tous ses prédécesseurs effectuer au moins deux mandats, Macky Sall, 56 ans, veut piloter pour les cinq prochaines années la deuxième phase (2019-2023) de son plan "Sénégal émergent" et même l'emporter dès le premier tour, comme l'avait fait en 2007 son ancien mentor, Abdoulaye Wade (2000-2012).
Ses concurrents, rescapés du nouveau système de parrainages et des décisions judiciaires qui ont éliminé des rivaux de poids, espèrent bien contrarier ses ambitions, à commencer par l'ancien Premier ministre Idrissa Seck, 59 ans, et le député "anti-système" et ex-inspecteur des impôts Ousmane Sonko, 44 ans, qui ont tous deux prophétisé sa chute dès dimanche soir.
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Les premiers résultats sont attendus dès la fermeture des bureaux à 18H00 (locales et GMT), mais ne deviendront officiels qu'à partir du 25 ou du 26 février. Un éventuel second tour, compte tenu des délais légaux de proclamation, de possibles contestations et de la nouvelle campagne, se tiendrait vraisemblablement le 24 mars.
L'affluence était forte à l'ouverture des bureaux à 08H00 à Fatick (centre) où Macky Sall a voté vers 9h30, mais aussi à Thiès (ouest), considéré comme un fief d'Idrissa Seck.
Dans une école élémentaire de Mbao, en banlieue de Dakar, où de longues files s'étaient déjà formées, le vote a commencé à l'heure dans la plupart des bureaux.
"Je souhaite que cette élection se passe dans la paix et que demain, lundi, tout le monde vaque à ses occupations. Cela signifie une élection apaisée", a déclaré Lamine Diatta, comptable à la retraite, après avoir déposé son bulletin dans l'urne.
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5.000 observateurs
Dans un bureau de Grand-Yoff, un quartier de Dakar, bastion du maire déchu de la capitale, Khalifa Sall, écarté de la course en raison d'une condamnation pour détournement de fonds publics, le vote a commencé avec 30 minutes de retard.
"Je veux rentrer le plus vite possible chez moi", a confié d'une voix nerveuse Fatoumata Sall, 25 ans, venue avec une demi-heure d'avance. "J'ai peur des violences le jour de l'élection", a-t-elle expliqué.
Les autorités ont annoncé le déploiement de 8.000 policiers et gendarmes en tenue dans les agglomérations urbaines le jour du vote, ainsi qu'un nombre indéterminé d'agents en civil.
Lire aussi : Bruit et ferveur pour la fin de la campagne présidentielle au SénégalSelon le ministère de l'Intérieur, quelque 5.000 observateurs, dont près de 900 de missions étrangères, surveillent le déroulement des opérations.
Le Sénégal, qui a connu deux alternances, en 2000 et en 2012, et aucun coup d'Etat, fait figure de modèle démocratique en Afrique, mais les campagnes électorales y sont souvent émaillées d'accusations de corruption, de désinformation et de violences.
Des affrontements ont fait deux morts le 11 février à Tambacounda, à 420 km à l'est de Dakar, entre partisans de Macky Sall et d'Issa Sall.
Pour la première fois depuis 1978, ni le Parti socialiste (PS) ni le Parti démocratique sénégalais (PDS, libéral) d'Abdoulaye Wade ne présentent leur propre candidat. Mais la famille libérale est particulièrement bien représentée, avec Macky Sall, Idrissa Seck et l'ancien ministre Madické Niang, tous trois issus du PDS.
Tous deux élus députés en 2017, Ousmane Sonko, partisan déclaré du patriotisme économique, et le président d'université privée Issa Sall, proche d'un mouvement religieux issu de la puissante confrérie tidiane, sont en revanche des nouveaux venus sur la scène politique nationale.
Lire aussi : L'électeur Sénégalais appelé à choisir entre l'alternance et le statu quoL'opposition a dénoncé l'invalidation des candidatures de Karim Wade, fils et ancien ministre d'Abdoulaye Wade (2000-2012), et de Khalifa Sall, dissident du PS, tous deux frappés par des condamnations judiciaires, ainsi que le système de parrainages.
Candidat pour la troisième fois, Idrissa Seck est apparu comme le principal bénéficiaire de cet écrémage puisque Khalifa Sall a annoncé de sa prison lui apporter son soutien et que la grande majorité des 20 recalés du parrainage se sont ralliés à lui.
L'ex-président Wade, qui dès son retour au pays en début de campagne avait appelé à brûler le matériel électoral, avant de plaider cette semaine pour "une résistance somme toute ferme mais pacifique", n'a pas donné de consigne de vote, mais a plutôt déclaré de "ne pas participer à ce simulacre d'élection" confisquée, selon lui, par Macky Sall.