L'attaque, qui s'est produite à proximité de l'aéroport de la capitale afghane, "a tué un civil et en a blessé 33 autres, dont 18 enfants et quatre femmes", a indiqué à l'AFP Mohammad Ismaïl Kawoosi, porte-parole du ministère de la Santé. Elle visait "un convoi de troupes étrangères", a précisé Najib Danish, du ministère de l'Intérieur, et aggrave un peu plus une situation sécuritaire alarmante au vu de la féroce offensive lancée au printemps par les talibans dans tout le pays.
Sur place, les vitrines des magasins ont volé en éclats et des véhicules fortement endommagés par la déflagration jonchaient la rue.
Les talibans visent fréquemment les convois de soldats étrangers déployés dans le pays, qu'ils qualifient d'"envahisseurs".
Les insurgés, par la voix de leur porte-parole habituel Zabiullah Moudjahid, ont immédiatement revendiqué l'attentat sur Twitter et affirmé que "plusieurs" soldats étrangers avaient péri. Les talibans exagèrent souvent les bilans des attaques qu'ils commettent contre l'Otan.
Interrogée par l'AFP, l'Alliance atlantique a toutefois assuré qu'aucun soldat étranger n'avait été blessé.
Il y a tout juste une semaine, six soldats américains de la mission de l'Otan ont été tués dans un attentat suicide orchestré par les insurgés près de la base de Bagram, au nord de Kaboul.
L'attaque de lundi survient au lendemain de la visite à Kaboul de Raheel Sharif, chef d'état-major de l'armée pakistanaise, dont le pays est perçu en Afghanistan comme le "parrain" des talibans.
Le général Sharif et le président afghan Ashraf Ghani sont convenus d'une réunion quadripartite en janvier avec la Chine et les Etats-Unis pour dresser une feuille de route destinée à raviver les négociations de paix avec les talibans, en suspens depuis l'été dernier. La présidence afghane a expliqué que la réunion devait se tenir "dans la première semaine de janvier", mais n'en a pas précisé le lieu.
Lundi, les talibans n'avaient pas encore réagi à cette annonce.
- Rôle crucial du Pakistan -
Kaboul estime ne pas pouvoir se passer de son voisin pakistanais pour raviver les négociations de paix destinées à mettre fin à l'insurrection des talibans qui dure depuis la chute de leur régime en 2001.
Le Pakistan avait accueilli cet été sur son sol des pourparlers inédits entre le gouvernement afghan et les talibans, sous l'égide de la Chine et des Etats-Unis. Un deuxième round devait avoir lieu dans la foulée, mais il a été reporté sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar, fondateur du mouvement taliban.
Après une amorce de rapprochement avec Islamabad au début de son mandat l'an dernier, le président afghan a accusé cet été le Pakistan d'être derrière une série d'attentats meurtriers à Kaboul.
Mais au début du mois, M. Ghani s'est rendu à un sommet régional à Islamabad. Il a rencontré le Premier ministre Nawaz Sharif et dit sa volonté de reprendre le dialogue avec les talibans.
Ces derniers ont étendu leur combat à l'ensemble de l'Afghanistan depuis le printemps et ne se contentent plus d'affronter les forces de sécurité afghanes dans leurs fiefs de l'est et du sud du pays. Ils ont ainsi réussi à envahir puis à tenir la grande ville de Kunduz, au nord du pays, pendant trois jours fin septembre.
D'après Mia Gul Wasiq, un analyste afghan interrogé par l'AFP, les talibans "intensifient leurs attaques pour gagner du terrain mais aussi pour obtenir plus de concessions s'ils entament des négociations" avec le gouvernement.
Avec AFP