Afrique du Sud : un budget de "crise" avec hausse des impôts et baisse des dépenses

Le président sud-africain Jacob Zuma lors de son discours sur l'état de la nation devant le Parlement à Cape Town, le 11 février 2016. (AP Photo/Schalk van Zuydam, Pool)

Le ministre des finances sud-africain a présenté mercredi au Parlement un budget de "crise" avec des hausses d'impôts et une baisse des dépenses pour éviter la dégradation de la note de la dette du pays.

Le ministre des Finances sud-africain Pravin Gordhan a présenté mercredi un budget de "crise" teinté d'austérité dans lequel il prévoit des augmentations d'impôts et une réduction des dépenses publiques afin d'éviter une dégradation de la note de la dette du pays.

Avec une croissance en-dessous de 1% pour 2016, un quart de la population au chômage et une forte dépréciation de sa monnaie ces douze derniers mois, l'économie la plus industrialisée du continent vit une période délicate.

"Nous ne pouvons pas dépenser l'argent que nous n'avons pas. Nous ne pouvons emprunter au-delà de notre capacité de remboursement. Jusqu'à ce qu'on puisse raviver la croissance et générer plus de recettes nous devons être durs avec nous-mêmes", a lancé le ministre devant le Parlement, au Cap.

Dans son discours, Pravin Gordhan a dû se livrer à un difficile exercice d'équilibriste afin de contenter à la fois les marchés financiers et le gouvernement sud-africain qui doit affronter des élections municipales dans quelques mois.

Sans prononcer le mot "privatisation", il a appelé de ses voeux une meilleure coopération avec le secteur privé afin de dynamiser la croissance, plombée par le ralentissement de la demande chinoise, la chute des cours des matières premières et la grave sécheresse qui frappe le pays.

Le ministre a ouvert la voie à des investissements privés dans les entreprises publiques en difficulté comme la compagnie aérienne South African Airways (SAA).

Le gouvernement va ainsi étudier une fusion entre SAA et sa filiale SA Express "avec la possibilité de faire participer un actionnaire minoritaire", a-t-il dit.

Il devra toutefois convaincre l'aile gauche du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, qui s'est toujours opposée aux privatisations. Les députés devront se prononcer sur ce budget lors de la prochaine session du Parlement, où l'ANC est majoritaire.

Hausse des taxes

Regagner la confiance des agences de notation ne sera pas chose facile pour M. Gordhan, nommé en décembre après deux changements de ministres en quatre jours, une séquence désastreuse pour l'économie sud-africaine.

Début décembre, Fitch avait dégradé d'un cran la note de l'Afrique du Sud à BBB- , un échelon seulement au-dessus des catégories spéculatives, en raison notamment de la faible croissance.

Le président Jacob Zuma avait démis de ses fonctions à la surprise générale Nhlanhla Nene, ministre des Finances respecté des marchés, pour mettre à sa place David van Rooyen, un député inexpérimenté.

L'inquiétude des marchés et la chute du rand provoquées par cette annonce avaient poussé le président à revenir sur sa nomination et à rappeler Pravin Gordhan, qui avait déjà occupé ce poste de 2009 à 2014.

Mercredi, le ministre a aussi annoncé une hausse des taxes sur certains produits comme l'essence, les boissons sucrées, l'alcool, le tabac et les plus-values et la mise en place de taxes environnementales qui devraient au total rapporter 18 milliards de rands (1,07 milliard d'euros).

Si l'impôt sur le revenu ne sera pas augmenté, une mesure concernant les impôts sur la richesse est examinée, a annoncé M. Gordhan.

Le plafond des dépenses publiques sera également abaissé de 25 milliards de rands (1,48 milliard d'euros) sur les trois prochaines années, essentiellement en réduisant des postes au sein de la fonction publique.

Le ministre souhaite également s'attaquer à la corruption au sein du gouvernement grâce à un meilleur contrôle des appels d'offres tandis que la valeur des voitures de la flotte gouvernementale sera réduite.

Les abus seront également traqués au sein du secteur privé, notamment l'évasion fiscale.

Le ministre a enfin annoncé que des mesures étaient en train d'être prises pour réduire les lourdeurs administratives pour les investisseurs.

AFP