Alors que le Congrès national africain (ANC), parti de Nelson Mandela, risque pour la première fois de son histoire de perdre la majorité absolue sur fond de fort mécontentement, il a défendu cette semaine l'intégrité du processus électoral.
Your browser doesn’t support HTML5
L'Afrique du Sud n'a rien d'une république bananière, s'est indigné en substance le parti au pouvoir depuis trente ans, alors que le premier parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA) a demandé la présence d'observateurs américains dans les bureaux de vote. Quelque 27,8 millions d'inscrits sont appelés aux urnes le 29 mai pour renouveler le Parlement qui désignera le prochain président.
Le président Cyril Ramaphosa a dénoncé une démarche "malhonnête" de l'opposition. Et sa ministre des Affaires étrangères, Naledi Pandor, a jugé que faire appel à "des pays qui n'ont pas d'observateurs (à leurs élections) et où la participation est faible, est plutôt surprenant". Cette démarche est même "humiliante" pour le pays, a-t-elle ajouté.
Pour Naledi Modise, de l'Université North-West, l'opposition trahit, dans cette polémique, sa faiblesse. La commission électorale (IEC) a démontré depuis longtemps qu'elle est "un organisme transparent et indépendant", qui "ne peut pas être remis en cause parce que la DA se sent menacée de ne pas être à la hauteur et de ne pas atteindre ses objectifs électoraux".
Les derniers sondages donnent à la DA, alliée à une dizaine de petits partis, une estimation allant jusqu'à près de 35% des voix. "Notre système électoral s'est avéré très stable, fluide et réactif", affirme la politologue. Susciter le doute est "dangereux et imprudent".
Institutions solides
La responsable DA pour les Affaires étrangères, Emma Louise Powell, avance que son parti "fait confiance à l'IEC au niveau national, mais des anomalies et des erreurs de comptage se produisent parfois localement".
"C'est l'une des commissions électorales les plus crédibles au monde, et encore plus sur le continent", défend Ongama Mtimka, enseignant à l'Université Nelson Mandela, estimant que les insinuations de l'opposition devraient être fondées sur des éléments tangibles. L'Afrique du Sud tient à sa réputation enviable sur le continent de démocratie exemplaire, avec l'organisation de déjà six élections nationales incontestées.
Sa commission électorale, mise en place lors de la transition entre l'apartheid et la première élection démocratique en 1994, est respectée avec ferveur dans un pays qui, pendant des décennies, a restreint le droit de vote à sa minorité blanche. "La crédibilité de la commission s'appuie sur sa structure et son cadre juridique", ses fondations sont solides, a défendu cette semaine son patron Sy Mamabolo lors d'un point presse.
Your browser doesn’t support HTML5
"L'Afrique du Sud est un État souverain (...) et sa commission électorale a une excellente réputation de longue date pour l'organisation d'élections libres et équitables", a abondé auprès de l'AFP David Feldmann, porte-parole de l'ambassade américaine à Pretoria.
Le pays invite depuis trente ans des observateurs du Commonwealth, de l'ONU, de l'UA et de blocs régionaux lors de ses élections. Et les archives de l'IEC sont accessibles en ligne.
Commentant la proposition de la DA d'inclure des observateurs américains en mai, le patron de l'IEC affirme que "ce n'est pas la façon habituelle de procéder", les observateurs étant "généralement invités à un niveau multilatéral".
Le Zimbabwe voisin a tenu en août une élection présidentielle entachée d'irrégularités grossières, avec une "commission électorale très politisée, une délimitation de circonscriptions extrêmement biaisée puis une distribution tardive des bulletins dans les bureaux de vote destinée à faire baisser la participation", relève Nicole Breadsworth, politologue spécialisée dans les processus électoraux en Afrique australe.
A côté, la commission électorale sud-africaine "brille par sa compétence" et son sérieux, relève l'enseignante à l'Université de Witswatersrand.