Le trublion de la gauche radicale sud-africaine, Julius Malema, a protesté bruyamment jeudi contre la présence au parlement du dernier président blanc du pays, forçant le président Cyril Ramaphosa à annuler son discours annuel sur l'état de la nation.
Après près d'une heure d'incidents, le président de l'Assemblée nationale, Thandi Modise, a suspendu la séance en lançant au président des Combattants pour la liberté économique (EFF): "Vous pensez jouir d'une liberté de parole sans limites pour nuire au droits des autres, mais il s'agit en fait d'une perturbation" des travaux de l'Assemblée.
Les élus de l'EFF avaient demandé auparavant que le dernier président du régime d'apartheid, qui avait partagé un prix Nobel de la paix avec Nelson Mandela, sorte du parlement parce qu'il ne s'était pas "repenti" sur l'apartheid.
"Nous avons un meurtrier dans cette chambre, nous avons un homme qui a du sang de personnes innocentes (sur les mains) dans cette chambre," a déclaré le leader de l'EFF, Julius Malema.
Agé de 38 ans, toujours coiffé de son béret rouge de "commandant en chef" du mouvement, M. Malema a fondé les EFF en 2013 après son éviction du Congrès national africain (ANC) au pouvoir.
Lire aussi : Afrique du Sud: le président Ramaphosa patine après deux ans au pouvoirIl se présente comme le défenseur des plus démunis et prône la redistribution des richesses au profit de la majorité noire et son parti dispose de 44 sièges au sein de l'Assemblée nationale forte de 400 sièges au total.
"De Klerk ne veut pas accepter que l'apartheid soit un crime contre l'humanité. C'est une insulte envers ceux qui sont morts et ont été torturés (...) sous les ordres de De Klerk que d'avoir De Klerk assis dans un Parlement démocratique (...). Je propose en conséquence qu'on demande à De Klerk de quitter le Parlement parce qu'il n'appartient pas à ce Parlement," a dénoncé Julius Malema.
Traditionnellement, les anciens présidents sont invités à ce discours du chef de l'Etat.
M. De Klerk a dirigé l'Afrique du Sud de 1989 à 1994, où il a été remplacé par Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid et le premier président noir sud-africain démocratiquement élu.
Pur produit de l'apartheid, M. De Klerk a pourtant précipité la chute du régime raciste en libérant Nelson Mandela.
Il avait été à partir de 1994 l'un des deux vice-présidents du pays, au moment du gouvernement d'union nationale sous la présidence de Mandela, avant de quitter la vie politique en 1997.