Quelques milliers de personnes ont manifesté mercredi 16 décembre dans plusieurs villes d'Afrique du Sud pour demander la démission du président Jacob Zuma, qui a plongé l'économie de son pays dans la tourmente en évinçant son ministre des Finances.
La semaine dernière, M. Zuma avait mis à la porte le respecté Nhlanha Nene pour nommer à ce poste-clé un député inexpérimenté, David van Rooyen, une décision qui avait affolé les marchés. Quatre jours plus tard, ce dernier était remplacé par l'ancien ministre des Finances de 2009 à 2014, Pravin Gordhan, dans une volte-face dont Jacob Zuma est ressorti affaibli.
Son parti, l'ANC (le Congrès national africain), au pouvoir depuis la fin du régime d'apartheid en 1994, a facilement remporté les élections générales l'an dernier mais pourrait perdre certaines grandes municipalités lors des élections locales de 2016.
"Nous étions plein d'espoir en 1994" explique Theresa Giorza, 55 ans, venue manifester à Johannesburg aux côtés d'environ 2.000 personnes. Mais "avec le temps, beaucoup de gens ont commencé à sentir que ça n'allait pas. Les choses n'ont fait qu'empirer depuis".
Le fiasco provoqué par la volte-face de Zuma a mis en déroute les marchés et renforcé les oppositions au président, déjà ébranlé par des scandales de corruption, une économie en berne et accusé de ternir l'héritage de Nelson Mandela.
"Tentative pour affaiblir la démocratie"
L'attribution du portefeuille clé des Finances à M. Van Rooyen a alimenté les craintes que les partisans corrompus de M. Zuma fassent la loi au sein du gouvernement.
"C'était une nouvelle tentative pour affaiblir la démocratie", a estime Zwelinzima Vavi, une des organisatrices de la manifestation, pour qui Jacob Zuma n'est pas à la hauteur.
Sur les pancartes brandies à Johannesburg, on pouvait lire "21 ans de régime non démocratique" ou "Zuma dehors".
D'autres manifestations se sont tenues au Cap et à Pretoria.
Pendant cette crise, l'une des pires depuis l'accession de Zuma au pouvoir, le rand sud-africain a atteint son plus bas historique face au dollar et à l'euro. Le rendement des taux sud-africains a lui dépassé 10%, une première dans l'économie la plus avancée d'Afrique.
Mercredi, dans un discours prononcé à l'occasion de la fête nationale du Jour de la réconciliation, Zuma n'a fait aucune mention du déclin financier, tout en déclarant que le travail "continuait pour développer l'économie afin de créer de l'emploi... malgré la situation difficile due au contexte économique mondial".
Avec AFP