Ahmed Musa, le "Super Eagle" qui a fait son nid en Russie

Le Nigérian Ahmed Musa lors du match contre l'Islande, en Russie, le 22 juin 2018.

"Ça, c'est notre Musa !" Des commentateurs de la télévision russe aux supporters du CSKA Moscou, tous étaient aux anges après le doublé victorieux contre l'Islande (2-0) de leur "Super Eagle", qui a d'abord fait son nid en Russie avant de pouvoir déployer ses ailes au Mondial 2018.

Devenu le meilleur buteur de l'histoire du Nigeria en Coupe du monde, avec un total de quatre réalisations, Ahmed Musa est d'ores et déjà une idole dans son pays... et au-delà !

Car, si un nul peut suffire au géant africain pour se qualifier en 8es de finale (en fonction de l'autre résultat du groupe), ses deux buts fabuleux ont aussi bien permis de soulever une foule russe conquise que de laisser l'Argentine encore en vie dans "le groupe de la mort".

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Au point d'être même surnommé "Lionel Musa" par certains supporters de l'"Albiceleste" ! Une référence qui n'a pas manqué de le faire sourire avant son duel face à Messi, mardi (20 heures), alors qu'au Mondial 2014, ils avaient tous les deux inscrit un doublé lors de la victoire de l'Argentine (3-2).

"Chaque fois que j'ai joué contre l'Argentine ou contre Messi, comme il y a quatre ans au Brésil, j'avais mis deux buts. Quand j'ai été transféré à Leicester, on a joué contre Barcelone, il était aussi sur le terrain et j'ai encore marqué deux buts ! Donc au prochain match, tout peut arriver, je peux marquer encore deux fois", a-t-il confié dans un sourire malicieux, après la victoire contre l'Islande.

Moscou, 'retour à la maison'

"Je pense que marquer contre l'Argentine n'est pas si difficile pour moi", a ajouté le joueur âgé de 25 ans, sans véritable prétention mais avec une franchise désarmante. Mais attention au poids de l'histoire : l'Argentine a toujours battu le Nigeria en trois rencontres de Coupe du monde (1994, 2006 et 2014)...

Qu'importe à Saint-Pétersbourg, et en dépit de l'antagonisme entre les supporters du Zénith et du CSKA, le public russe sera derrière l'un des chouchous du championnat local, au même titre qu'ils ont pu l'être avec la star péruvienne Jefferson Farfan (Lokomotiv Moscou).

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L'histoire aurait toutefois pu s'écrire autrement. Arrivé en 2012 au CSKA en provenance du championnat néerlandais, Musa vit plusieurs mois d'adaptation difficile en Russie où il a d'abord été aligné au milieu de terrain.

Mais plus de 160 matches et 53 buts plus tard, le Nigérian devient la mascotte de l'ancien club de l'armée soviétique. Une passion telle qu'il a lui même décidé de baptiser l'une des stations essence qu'il détient au Nigeria "Myca-7", son nom écrit en cyrillique sur son maillot moscovite, accompagné de son numéro fétiche.

Comment a-t-il réussi à retourner la situation ? Grâce à la confiance d'un homme : Leonid Sloutski, l'ancien sélectionneur de la Russie (2015-2016). "Sloutski est comme un père pour moi. Je parle toujours de lui, il a fait de moi celui que je suis aujourd'hui", avait rendu hommage Musa, l'an dernier.

'Pas de Mondial' sans l'aide du CSKA

"C'est bien qu'il ait réussi ça ! C'est bon d'avoir comme ça des joueurs qui réussissent dans leur club, qui sont reconnus, aimés par le public russe. On s'en était aperçu quand je l'avais fait entrer en novembre à Krasnodar (contre l'Argentine en amical, victoire 4-2), où tout le public l'avait applaudi", confiait à l'AFP son sélectionneur Gernot Rohr avant le début de la compétition.

Transféré à Leicester en 2016 pour plus de 20 millions d'euros, Musa ne parviendra jamais à s'imposer en Angleterre. Sa place dans la liste des 23 en danger, il décide l'hiver dernier de retourner en prêt... au CSKA pour se relancer et finalement convaincre Rohr de le prendre en Russie. "Al Hamdoullah (Dieu merci, NDLR), je suis de retour à la maison", s'était-il félicité sur ses réseaux sociaux.

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Contraint de retourner à Leicester, Musa va-t-il tout faire pour poursuivre son histoire d'amour avec le club moscovite ? "Si j'en ai la possibilité, j'aimerais revenir au CSKA, que j'aime beaucoup. Je veux remercier le club, le coach, les joueurs pour ce qu'ils m'ont donné", a-t-il répondu vendredi dernier.

"S'il n'y avait pas le CSKA, je n'aurais pas pu revenir en sélection et disputer la Coupe du monde". En cas de nouveau doublé face à l'Argentine, son aventure en Russie pourrait se prolonger au minimum pour encore pour quelques matches.

Avec AFP