Cote d’Ivoire : la situation humanitaire empire

Des personnes essayant de quitter Abidjan

Les organisations humanitaires demandent aux deux camps rivaux d’éviter de faire des victimes civiles durant les affrontements à Abidjan. Un appel à la retenue lancé, alors que le a crise postélectorale entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara a déjà fait près d'un million de déplacés.

Des organisations humanitaires et des organisations de défense des droits de l’homme s’inquiètent de la détérioration de la situation humanitaire alors que les camps rivaux s’affrontent à l’arme lourde vendredi dans les rues de la capitale commerciale.

D’après les Nations Unies entre 700 000 et un million de personnes ont du fuir les combats, en particulier à Abidjan. Des centaines d’autres personnes ont été tuées dans les affrontements, depuis les litigieuses élections de novembre dernier.

Le bureau de l’ONU pour les droits de l’homme dit qu’il a été fait état de violences contre des civils. Ils auraient été objets de pillages d’extortions d’enlèvements et de mauvais traitements de la part des soldats soutenant Alassane Ouattara. Des informations qui n’ont pas pu être confirmées, précise l’ONU.

Un porte parole du Haut Commissariat aux Affaires Humanitaires de l’ONU, Rupert Colville, dit que la majorité de ces rapports viennent de l’Ouest de la Cote d’Ivoire, ou les forces pro-Ouattara ont réalisé des avancees lorsqu’elles se dirigeaient vers, la capitale.

« Initialement, la plupart sinon tous les abus ont été imputée aux forces soutenant l’ancien président Laurent Gbagbo. Mais depuis peu, il y a de plus en plus d’attaques de représailles venant du camp adverse, notamment un groupe mystérieux appelé le commando invisible, opérant contre Gbagbo » explique Rupert Colville.

Rupert Colville avertit que les atrocités commises feront l’objet d’une enquête de la Cour Pénale Internationale et le Conseil des Droits de l’Homme, et ce, quelque soit le camp qui les a perpétrées.

Avant l’arrivée des forces pro-Ouattara a Abidjan, il avertissait : “Nous rappelons aux deux camps, mais je dirais particulièrement le camp du président Alassane Ouattara, parce que ce sont ces forces qui marchent vers Abidjan, que la commission d’enquête interrogera les deux camps, pas une seule partie. Donc il y aura des conséquences si des abus sont commis sur les civils, quelque soit le camp dont on fait partie. »

Le Comite International pour la Croix Rouge indique que les civils sont pris au piège dans les combats et n’ont pas accès à la nourriture, à l’eau et aux médicaments. Le chef des opérations, Peter Kraehenbuehl, s’est exprimé lors d’une conférence de presse à Genève. “ Nous avons de l’expérience dans la région, sur des événements passés au Liberia en Sierra Leone mais aussi en Cote d’Ivoire, sur la façon dont la situation peu soudainement devenir très imprévisible et violente pour les civils qui vivent dans des zones dansement peuplées et ou les deux camps peuvent tout d’un coup faire usage d’armes lourdes au milieu de ces zones de dense population et les civils sont touchés. Ils sont coupés d’approvisionnement et de l’accès aux soins médicaux » a-t-il expliqué.

D’après Peter Kraehenbuehl, la majorité des refugiés sont en déplacement constant, ce qui complique l’organisation de secours. La Croix Rouge demande 16 million de dollars pour les civils pris en étau dans les combats et les refugiés qui affluent vers la frontière avec le Liberia. L’organisation dit avoir déjà distribuée une aide d’urgence à 20 000 déplacés.

Même son de cloche à Amnesty International et Médecins Sans Frontière. Ces deux organisations partagent les inquiétudes concernant les populations civiles et demandent à ce qu’elles aient accès aux soins médicaux.

Depuis le mois de Mars, Médecins Sans Frontière a soigné 450 patients, dont des centaines dans l’Ouest du pays. Le seul centre fonctionnant dans le Nord d’Abidjan, soignait quinze blessés par balles jeudi.