L'Algérie affirme avoir anéanti le groupe ayant décapité un guide français

Un hommage rendu à Herve Gourdel, à Lyon, France, le 26 septembre 2014.

L'Algérie affirme avoir presque totalement anéanti le groupe jihadiste ayant kidnappé et exécuté le guide de haute montagne français Hervé Gourdel il y a près de deux ans.

"Jund al-Khilafa (Les soldats du califat) n'existe plus en tant qu'organisation", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire sous couvert d'anonymat.

Ce groupe ayant fait allégeance à l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) avait kidnappé le randonneur niçois le 21 septembre 2014 au coeur de la montagne du Djurdjura (Kabylie) à 150 km au sud-est d'Alger. Il l'avait décapité quelques jours plus tard.

Trois islamistes tués récemment lors d'une opération militaire au sud d'Alger ont été identifiés comme étant membres de ce groupe formé par des dissidents d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), a indiqué le 27 juin le ministre de la Justice Tayeb Louh.

Ces trois "terroristes" faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt international dans le cadre de l'affaire de "l'assassinat du ressortissant français", a-t-il précisé.

Le plus souvent les autorités ne précisent pas à quel groupe appartiennent les islamistes tués et se contentent de dire que ce sont des "terroristes". Pour le seul mois de juin, 30 d'entre eux ont été tués, selon un bilan officiel.

Depuis l'exécution d'Hervé Gourdel, qui a ravivé le douloureux souvenir de la guerre civile où les Occidentaux étaient pourchassés par les islamistes, "les opérations de l'armée n'ont pas connu de répit", a affirmé une autre source sécuritaire à l'AFP.

Une opération fatale

Immédiatement après son enlèvement, l'armée avait mobilisé 3.000 hommes pour tenter de retrouver le guide. Un chiffre sans précédent pour une telle opération, ordonnée par le président Abdelaziz Bouteflika.

Ainsi mis sous pression, les ravisseurs ont décapité l'otage après 48 heures de séquestration. Son corps sera retrouvé des semaines plus tard, enterré dans un champ.

Les vidéos de la décapitation diffusées sur internet ont permis à l'armée de repérer le terrain d'action du groupe et de le cerner avant qu'il ait eu le temps de se déployer à travers le pays et de renforcer ses effectifs.

L'enlèvement d'Hervé Gourdel "lui a valu quelques adhésions mais le groupe n'a jamais dépassé une soixantaine de membres", selon une source sécuritaire.

Il n'en resterait plus qu'une quinzaine, sans soutien de la population et sans chef connu après la mort le 22 décembre 2014 d'Abdelmalek Gouri, alias Khaled Abou Selmane, qui n'aura finalement dirigé l'organisation que quelques mois.

Selon la presse, la plupart de ses lieutenants lui ayant survécu se trouvaient parmi les 25 "terroristes" tués en mai dernier par l'armée dans le département de Bouira, non loin du lieu précis où fut kidnappé le Français.

Inquiétude dans le sud

La justice algérienne avait lancé des poursuites contre 15 personnes, toutes algériennes, soupçonnées d'avoir participé à cet enlèvement et poursuivies notamment pour "création d'un groupe armé terroriste", "prise d'otage" et "assassinat avec préméditation".

Depuis le début de l'année, 75 "terroristes" ont été tués, selon un décompte de l'AFP effectué à partir des bilans officiels. En 2015, l'armée en a "neutralisé" 157, tués en grande majorité, selon le ministère de la Défense.

Si la plupart des interventions de l'armée sont effectuées dans le nord, les zones frontalières du sud sont aussi concernées en raison de la proximité du Mali et de la Libye, deux pays instables où les groupes armés sont actifs et les trafics florissant. Dans ces zones, sont souvent saisies d'importantes quantités d'armes (lance-roquettes, fusils mitrailleurs, munitions...), souvent découvertes dans des caches enfouies sous le sable.

La semaine dernière, le président Bouteflika a tenu une réunion "consacrée à la situation sécuritaire dans le sud du pays, en relation avec les foyers de tension qui persistent dans certains Etats voisins", selon un communiqué officiel. Il avait autour de lui les principaux ministres et les patrons des différentes forces de sécurité (armée, renseignement, police et gendarmerie).

"La stratégie de lutte anti-terroriste a changé depuis la restructuration des services de renseignement en 2013", analyse une autre source sécuritaire. "Aujourd'hui, elle est placée sous le contrôle de l'état-major et des six Régions militaires qui quadrillent le territoire et n'est plus le monopole des unités d'élite du Renseignement", selon elle.

Avec AFP