Algérie : peines de prison avec sursis au procès de la chaîne KBC

La justice algérienne a prononcé lundi des peines d'un an et de six mois de prison avec sursis au procès de la chaîne privée KBC, où la défense a accusé le gouvernement d'avoir "fabriqué" le dossier d'accusation.

Le tribunal correctionnel d'Alger a condamné une fonctionnaire du ministère de la Culture, Nouria Nédjaï, à un an avec sursis et le directeur de KBC, Mehdi Bénaïssa, et le producteur d'une émission satirique diffusée par cette chaîne, Riad Hartouf, à six mois avec sursis.

Le parquet avait requis deux ans avec sursis contre les trois prévenus, placés en détention préventive le 24 juin.

Le tribunal a ordonné leur remise en liberté "immédiate".

La défense va faire appel, a indiqué à l'AFP l'avocate Fetta Sadat, qui a dénoncé dans sa plaidoirie un "acharnement judiciaire", notamment contre Mehdi Bénaïssa -producteur à la réputation bien établie en Algérie- visé par trois procédures en quelques semaines.

Mme Nédjaï était poursuivie pour "abus de fonction et délivrance d'un document à un individu n'ayant pas droit" et MM. Bénaïssa et Hartouf pour "fausses déclarations pour l'obtention d'une autorisation".

La justice a estimé que les conditions de réalisation de deux émissions satiriques à grand succès de KBC n'étaient pas conformes à une autorisation de tournage délivrée par le ministère de la Culture.

"Le seul reproche qu'on peut faire" aux prévenus "c'est le contenu de leurs émissions qui ne plaît pas gouvernement", a toutefois assuré Me Sadat, se demandant si l'Algérie était "un Etat de droit qui reconnaît le multipartisme et la diversité" ou était "revenue au système du parti unique", aboli en 1989.

Son confrère de la défense Me Khaled Bergheul a estimé que les prévenus étaient "des otages de la liberté d'expression".Les autorités, selon lui, "délivrent les autorisations à ceux qui critiquent l'opposition et non à ceux qui critiquent le régime".

Les avocats ont en outre plaidé que ces autorisations n'étaient exigées par l'administration que dans les situations de tournage en plein air alors que les émissions visées, Ness Stah et Ki Hna ki Nass, sont tournées en studio.

La chaîne KBC fait partie du groupe de presse El Khabar, racheté en avril par la société Ness Prod, propriété de l'industriel Issad Rebrab, première fortune du pays mais en délicatesse avec le pouvoir.

La justice a fait annuler ce rachat la semaine dernière. Le gouvernement s'y opposait au nom d'une loi interdisant la concentration des médias.

Avec AFP