Algérie: peines de prison et internet coupé contre la triche au bac

Des élèves dans la cour d’une école au camp de réfugiés de Smara, à Tindouf, Algérie, 25 février 2016.

Trois personnes ont été condamnées à un an de prison ferme en Algérie pour fraude au baccalauréat, a indiqué le ministère de la Justice, tandis que le pays vit au rythme des coupures d'internet censées empêcher la triche généralisée à cet examen.

Jugés en comparution immédiate par le tribunal de Sétif (est), deux des trois condamnés sont accusés d'avoir divulgué des sujets d'épreuves, et le troisième d'avoir fuité les corrigés des épreuves de langue arabe et de sciences islamiques, a précisé mardi soir le ministère dans un communiqué.


Au total, 22 personnes sont poursuivies, dont 15 placées en détention provisoire, pour "diffusion et fuite de sujets d'examens du baccalauréat par le biais de moyens de communication à distance", à savoir les réseaux sociaux, selon ce communiqué.


Ces infractions ont été détectées par l'organisme chargé de la lutte contre la cybercriminalité.


Les épreuves du baccalauréat en Algérie ont débuté dimanche et se poursuivront jusqu'à jeudi pour plus de 731.000 candidats.


Pour la cinquième année consécutive, cet examen -- sésame pour l'entrée en études supérieures -- entraîne un blocage des réseaux sociaux et des perturbations d'internet à travers tout le pays.


La session 2016 du bac avait été entachée par une fraude massive, les sujets ayant fuité sur les réseaux sociaux.


Depuis, en plus d'interdire tout matériel connecté dans les centres d'examens, les autorités ont décidé de transformer l'Algérie en immense zone blanche durant les cinq jours d'épreuves.


Ce qui ne manque pas de susciter la polémique et, entre autres, la colère des professionnels des technologies de l'information et de la communication.


Car ni le blocage de WhatsApp, Facebook et Twitter, ni les coupures de l'internet ne sont parvenus à endiguer la triche.


Cette année, avec la multiplication du télétravail et de l'enseignement universitaire à distance à cause du Covid-19, l'impact économique de cette paralysie est encore plus pénalisant.


Le président de l'Association de protection des consommateurs, Mustapha Zebdi, a ainsi qualifié la neutralisation d'internet "de démarche inacceptable".


En attendant, des internautes suggèrent, non sans humour, que la seule façon d'éliminer le problème serait de... supprimer le bac.


Il est néanmoins un endroit en Algérie où la fraude est quasi absente: les 47 établissements pénitentiaires, agréés par le ministère de l'Education nationale comme centres d'examen. 5.084 détenus -- 4.977 hommes et 107 femmes -- y passent le bac cette années, avec un taux de réussite généralement de 100% et l'espoir d'obtenir une grâce.