Allemagne : le meurtrier présumé d'un petit réfugié avoue en avoir tué un autre

Une foule de migrants attend devant le centre d'accueil berlinois LaGeSo pour s'enregistrer sur les listes de demandeurs, 21-09-15.

Le meurtrier présumé a avoué avoir tué un autre garçon de six ans, disparu début juillet, et la police examinait d'autres dossiers d'enfants disparus.

"L'homme a avoué dans la nuit avoir aussi tué Elias", un enfant disparu sur une aire de jeux au pied de son immeuble à Potsdam (est) près de Berlin, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police, Stefan Redlich.

Silvio S., 32 ans, interpellé jeudi, a également reconnu des violences sexuelles sur sa deuxième victime, le petit Mohamed, venu de Bosnie-Herzégovine avec sa famille et enlevé le 1er octobre devant le Lageso, le principal centre d'accueil et d'enregistrement des demandeurs d'asile à Berlin.

Il l'a ensuite "étranglé avec une ceinture" notamment parce qu'il craignait que les cris de l'enfant n'alertent le voisinage, a expliqué Michael van Hagen, le procureur de Berlin, lors d'une conférence de presse avec la police.

Le suspect a aussi expliqué aux policiers que le corps du petit Elias, dont le portrait avait été largement diffusé depuis sa disparition le 8 juillet, avait été enterré dans un jardin ouvrier qu'il possède, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Berlin.

La police a entamé des fouilles sur ce lopin de terre à Luckenwalde (est) mais précisé, selon un porte-parole à l'AFP, que "la journée et la nuit vont être longues".

Silvio S, inconnu jusqu'ici des services de police, a "avoué en détail" le meurtre du petit Mohamed. Il a reconnu ensuite lors de son interrogatoire "avoir tué un autre enfant, dont le nom est Elias", a précisé Heinrich Junker, le procureur de Potsdam, "mais n'a pas donné de détails" sur les circonstances de sa mort.

Employé d'une société de sécurité, il avait été arrêté après un coup de fil de sa mère à la police affirmant que son fils avait avoué un crime.

Son père l'aurait reconnu sur des images tirées d'une caméra de surveillance, selon le journal Bild. Sur certaines, largement diffusées par la police depuis la disparition du bambin, on distinguait un homme d'âge moyen tenant la main d'un enfant

D'autres victimes ?

D'autres images, diffusées ultérieurement et de meilleure qualité, montraient ce même homme s'approchant du Lageso où, selon Winfrid Wenzel, responsable de l'enquête policière à Berlin, il voulait distribuer des "peluches et des jouets" aux enfants de réfugiés.

Des files d'attente interminables de migrants se sont formées depuis le début de l'été devant ce centre au point de faire la une de tous les journaux, alors que l'Allemagne accueille des centaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre ou la misère.

Un des voisins de Silvio S., interrogé par le site internet de l'hebdomadaire Der Spiegel, a décrit un homme "timide, presque peureux".

La police examine maintenant d'autres dossiers de disparitions d'enfant dans lesquelles cet homme pourrait être impliqué, notamment celui d'une petite fille de 5 ans dans une forêt de Stendal, dans l'Etat de Saxe-Anhalt (ex-RDA), le 2 mai.

Les enquêteurs berlinois sont "en contact étroit" avec ceux de Stendal, a souligné le policier Winfrid Wenzel.

Le petit Mohamed vivait depuis plus d'un an avec sa mère et deux autres enfants en Allemagne où il était arrivé en provenance de Bosnie-Herzégovine.

Il disposait avec sa famille d'un statut provisoire de "personne tolérée", qui concerne ceux qui ne peuvent voir leur demande d'asile aboutir mais dont l'expulsion immédiate n'est pas possible en raison des dangers qu'ils encourent dans leur pays d'origine.

Son corps a été retrouvé jeudi dans le coffre de la voiture de son meurtrier présumé, placé dans une bassine et recouvert de litière pour chat. Après l'avoir tué, le meurtrier présumé avait dans un premier temps caché le corps dans le grenier de l'habitation qu'il partageait avec ses parents, selon M. Von Hagen.

Le Lageso est devenu l'un des endroits les plus emblématiques des difficultés que rencontre l'Allemagne à prendre en charge les dizaines de milliers de migrants qui arrivent à Berlin.

Ils doivent attendre dans des conditions sanitaires déplorables. Un nouveau centre vient d'être inauguré à l'approche de l'hiver.

Avec AFP