Alpha Condé laisse la porte ouverte à une candidature pour un 3e mandat en Guinée

Le président Alpha Condé à Conakry, 4 fébrier 2018. (CELLOU BINANI /AFP)

Le président guinéen Alpha Condé à laissé lundi la porte ouverte à une candidature pour un troisième mandat et défendu la tenue le 1er mars d'un référendum constitutionnel, dénoncé comme une manoeuvre, estimant qu'il n'y avait "rien de plus démocratique".

"Ca, c'est le parti qui décidera", a déclaré M. Condé, interrogé sur une nouvelle candidature lors d'une interview accordée à France 24 et Radio France Internationale (RFI). Son parti, le RPG, "peut me présenter comme il peut présenter quelqu'un d'autre. Pour le moment, ce n'est pas mon souci", a-t-il ajouté.

Ancien opposant historique, élu en 2010 et réélu en 2015, le chef de l'Etat a assuré que sa préoccupation actuelle était de "doter le pays d'une Constitution qui réponde aux besoins du monde d'aujourd'hui", citant "la parité entre hommes et femmes, la lutte contre les mutilations génitales, le mariage des filles avant 18 ans, et surtout le partage correct des ressources" de l'Etat, notamment pour "la jeunesse et les personnes vulnérables".

"Si nous voulons une Constitution moderne, qu'est-ce qui est plus démocratique qu'un référendum? Le Premier ministre anglais a fait un référendum, il a perdu. De Gaulle a fait un référendum, il a perdu. Il n'y a pas plus démocratique", a expliqué Alpha Condé, alors que l'Union européenne a estimé la semaine dernière que "l''unité et la paix en Guinée doivent prévaloir sur les intérêts partisans".

Les Etats-Unis ont aussi fait part de leur "préoccupation" à propos de la situation en Guinée, exhortant "toutes les parties à se lancer dans un dialogue civil non violent".

La Guinée est le théâtre depuis la mi-octobre de protestations, qui ont fait au moins 29 morts - 28 civils et un gendarme - contre le projet prêté de longue date au président de chercher à se succéder fin 2020. L'actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels.

L'avant-projet de nouvelle Constitution divulgué en décembre et qui sera soumis à référendum le 1er mars, en même temps que des élections législatives, maintient cette limite. Mais l'opposition soupçonne que l'adoption d'une nouvelle Constitution servira à M. Condé, 81 ans, de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro.

"Je ne vois vraiment pas où il y a le problème, où il y a stratagème, puisque je donne la possibilité de mener campagne", a affirmé Alpha Condé, avant d'ajouter: "Si le peuple de Guinée dit non au référendum, je m'incline. S'il dit oui, j'applique".