Fou des synthés analogiques, Adrien Durand a truffé leur dernier album, "La Confusion", de ces sonorités vintage revenues totalement à la mode depuis quelques années. Son travail replonge l'auditeur dans la fin des années 1970 et la première moitié des années 1980, celles de l'apogée du disco, de la new wave et du funk.
Une ambiance que les fans du couple malien pourront retrouver samedi soir à la Seine Musicale, nouvelle salle de concerts près de Paris, dans le cadre du festival Chorus, pour la dernière représentation d'une tournée européenne accompagnant la sortie du disque mi-septembre.
"On a travaillé avec Adrien, du groupe Bon Voyage Organisation (un groupe électro pop bourré de références à l'Asie et l'Afrique) dans le souci de faire évoluer un peu les choses", confiait récemment à l'AFP Amadou Bagayoko.
Sur le disque, le ton est donné d'entrée de jeu: dès les premières secondes de "Bofou Safou", le titre d'ouverture du disque, fait intrusion la diabolique ligne de basse générée par le minimoog qui accompagne le chant entêtant de Mariam et les riffs de la guitare rock d'Amadou. "La Confusion", la chanson-titre, a comme un air de tube "new wave".
"Le minimoog, c'est la Rolls Royce des synthétiseurs analogiques. Toute la funk des années 80 l'a utilisé", explique, enthousiaste, Adrien Durand, soulignant avoir été appelé pour "faire ce que je savais faire, donc des productions avec des synthés!"
- 'Ca reste du Amadou & Mariam' -
"Au début, j'avais un peu peur d'emmener Amadou et Mariam dans un territoire un peu différent, et puis en fait, il y avait une volonté de leur part de faire quelque chose de nouveau, ça les intéressait", poursuit le trentenaire français.
"On essaye de faire danser les gens, les faire se lever de leur chaise pour qu'ils dansent", affirme Amadou Bagayoko, figure de la musique moderne malienne qui, avant Amadou & Mariam, fut pendant plusieurs années le guitariste des Ambassadeurs, un groupe légendaire de Bamako.
"Donc, si on fait un morceau où on entend un peu d'électronique, cela va en intéresser certains plus que du traditionnel pur", ajoute-t-il.
"Je travaille un peu comme un peintre, par couches successives", détaille Adrien Durand, qui a découvert la musique noire africaine via les productions d'Ibrahima Sylla et Wally Badarou, producteurs de génie et défricheurs de talents.
La profusion de sons ne noie pas le propos d'Amadou & Mariam, mais au contraire le transcende. Le cocktail entre l'enracinement dans la tradition et l'ouverture sur la modernité, les chants de la culture bambara, le groove afro-funk et l'électro, est bien dosé.
Une réussite qui doit aussi beaucoup à la personnalité des deux Maliens, dit Adrien Durand: "Je me suis vite rendu compte que quand tu travailles avec de tels artistes, il n'y a pas de peur à avoir parce que leur répertoire et leurs chansons sont tellement fortes que quoi que tu fasses, ça reste du Amadou & Mariam."
Avec AFP