Yaoundé et Washington donnent des versions différentes sur l'Américain tué au Cameroun

La police anti-émeute patrouille dans les rues de Buea, capitale de la région du Sud-Ouest, Cameroun, le 1er octobre 2017.

Les autorités camerounaises ont accusé mercredi des "terroristes" d'avoir causé la mort d'un missionnaire américain en zone anglophone du Cameroun, Washington assurant de son côté que son ressortissant avait été victime de "tirs croisés".

Charles Wesco, le missionnaire tué par balle mardi, a été la cible de "terroristes" lors d'une tentative d'attaque contre une brigade de gendarmerie et une zone universitaire, a affirmé le ministre camerounais de la Défense Joseph Beti Assomo.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs séparatistes des régions anglophones ont quant à eux imputé la responsabilité de la mort de l'Américain à l'armée camerounaise.

Le département d'Etat américain s'est gardé d'accuser un bord ou l'autre, en insistant sur le fait que Yaoundé avait promis une "enquête approfondie" sur la mort de Wesco.

"Nous avons été en contact avec de hauts responsables de la sécurité gouvernementale du Cameroun et nous estimons que la victime s'est retrouvée prise dans des tirs croisés", a déclaré Robert Palladino, un porte-parole de la diplomatie américaine.

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M. Palladino a appelé les rebelles séparatistes et les forces gouvernementales camerounaises à entamer "immédiatement un dialogue ouvert et sans conditions".

Selon M. Beti Assomo, le missionnaire américain de 44 ans se trouvait à bord de son véhicule en compagnie de son épouse, de son fils et de son chauffeur lorsqu'il "a essuyé (mardi matin) un tir en provenance des terroristes embusqués".

"Touché à la tempe, il (a été) évacué dans un premier temps dans un centre de santé, puis transféré à l'hôpital régional de Bamenda où il a succombé à ses blessures", a-t-il ajouté dans ce communiqué lu à la radio d'Etat. "Une enquête approfondie a été immédiatement ouverte autour de ce regrettable incident", a-t-il assuré.

Le drame s'est produit à Bambui, à 14 km de Bamenda, capitale de la région anglophone du Nord-Ouest, alors qu'un "groupe de terroristes armés" avait investi les lieux "en vue d'attaquer la zone universitaire et la brigade territoriale de gendarmerie de Tubah", l'arrondissement où se trouve Bambui, selon le ministre.

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"Immédiatement poursuivis par les forces de défense et de sécurité, les terroristes armés vont riposter par des tirs, ce qui va provoquer un affrontement entre eux et les forces positionnées autour de l'université de Bamenda", a détaillé M. Beti Assomo.

"Le bilan fait état de 4 terroristes neutralisés, de plusieurs blessés dans leur rang et de quatre fusils de calibre 12 récupérés", a-t-il précisé, soulignant qu'un étudiant et un militaire avaient également été blessés lors de ces échanges de tirs.

Dans son communiqué, M. Beti Assomo a demandé "aux ressortissants étrangers dont la présence serait véritablement indispensable (en zone anglophone) de signaler aux autorités administratives et forces de défense et de sécurité leurs mouvements dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest en raison des menées de groupes terroristes et bandes armées qui y sont régulièrement enregistrés".

Dans ces régions, une crise socio-politique sans précédent s'est installée fin 2016. Elle s'est transformée fin 2017 en conflit armé.

Des affrontements entre l'armée et des séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent depuis plusieurs mois quasiment tous les jours.

Avec AFP