Amnesty demande la libération d'opposants arrêtés

Un militant de l'opposition à Yaoundé, le 30 septembre 2018.

Amnesty International a appelé mardi à la libération "immédiate et sans conditions" de Maurice Kamto, qui revendique toujours la victoire à la présidentielle camerounaise d'octobre, et d'autres opposants arrêtés lundi soir.


"Les autorités doivent les libérer immédiatement et sans condition, ainsi que les manifestants pacifiques détenus pendant le week-end pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique", a indiqué mardi l'ONG dans un communiqué.

"Au lieu de prendre des mesures pour améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays, nous constatons que les autorités tolèrent de moins en moins les critiques. Cela doit cesser", a déclaré Samira Daoud, directrice Afrique Ouest et centrale d'Amnesty.

Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, qui est officiellement arrivé deuxième à la présidentielle, derrière le président Paul Biya, a été arrêté lundi soir au domicile à Douala d'Albert Dzongang, un de ses soutiens.

L'interpellation de M. Kamto lundi soir s'est faite "en violation flagrante des dispositions de la loi et des règles internationales", a indiqué mardi le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac).

Le MRC, qui estime que ces interpellations sont "politiques" et "injustifiées", a appelé ses militants au "calme" et rappelé "son attachement au respect des lois et règlements de la République sur lesquels se sont toujours fondées ses actions".

Les autorités camerounaises veulent "décapiter" le parti de Maurice Kamto, a réagi le parti mardi.

Samedi, le MRC avait appelé à manifester dans tout le pays contre la réélection de Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir.

Au cours de ces marches dans plusieurs villes, non autorisées, 117 personnes ont été arrêtées. L'ex-directeur de campagne de Maurice Kamto, Paul-Eric Kingue, et le rappeur pro-Kamto Valsero faisaient partie des interpellés.

"Comment expliquer la sortie des forces de sécurité alors qu'il s'agissait seulement d'une manifestation pacifique pour exprimer les points de vue d'un parti politique dans une démocratie?", s'est interrogé le Redhac mardi.

Samedi soir, le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait estimé que le parti de Maurice Kamto avait "franchi la ligne rouge".

Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, avait pour sa part accusé le camp Kamto de "tentative de déstabilisation" du pouvoir.

Depuis l'annonce des résultats de la présidentielle, fin octobre, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu'il qualifie de "hold-up électoral".

L'ex-candidat du MRC était officiellement, selon les résultats du Conseil constitutionnel, arrivé deuxième (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix.

Depuis 1982, M. Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s'appuyant sur l'administration et sur un parti-Etat, le RDPC, qu'il a créé en 1985.

Avec AFP