Amnesty International exige la libération des militants anti-esclavagistes récemment arrêtés en Mauritanie

Gaetan Mootoo, chercheur à Amnesty International, lors d’une conférence de presse sur les résultats d’investigation de l’organisation des Droits humains sur les victimes du putsch du 16 septembre au Burkina, Ouagadougou, 14 octobre 2015. Photo Bagassi Koura

Amnesty International demande aux autorités mauritaniennes de relaxer cinq membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) arrêtés entre le 30 juin et le 1er juillet 2016.

"La Mauritanie doit immédiatement et sans condition libérer les militants anti-esclavagistes et arrêter de les soumettre constamment à des harcèlements et intimidations", a réagi samedi Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

Les cinq militants anti-esclavagistes ont été arrêtés après des heurts entre manifestants en colère et policiers, mercredi, dans un bidonville de Nouakchott, indiquent des défenseurs des droits de l'Homme.

Les manifestants se sont opposés à une opération encadrée par la police visant à déplacer les habitants d'un bidonville du quartier de Ksar (ouest de la capitale) qui, selon les autorités, étaient installés illégalement sur des terrains privés, a rapporté la télévision publique mauritanienne.

Pour le gouverneur de Nouakchott-Ouest, Mahi Ould Hamed, les forces de sécurité mauritaniennes ont plutôt arrêté, sur les lieux des affrontements, les "meneurs" des actes de violences.

"Il est temps que les autorités respectent les droits du mouvement anti-esclavagiste qui ne fait qu’exercer son droit à la liberté de réunion pacifique et d’association", a indiqué M. Mootoo dans son appel aux autorités mauritaniennes.

Amnesty estime qu’en maintenant ces cinq militants en prison, "la Mauritanie reprend de vieilles habitudes en matière de restriction de la liberté de manifestation pacifique et anéantit les efforts en matière de droits humains salués lors de la libération du Président de IRA Biram Ould Dah Ould Abeid et de Brahim Bilal Ramdane".

Les autorités mauritaniennes restreignent fréquemment la liberté d'expression des défenseurs des droits humains et des militants anti-esclavagistes.

En novembre 2014 , Brahim Bilal Ramdane, Djiby Sow et Ould Dah Ould Abeid, président de l’organisation anti-esclavagiste Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA), avaient été condamnés à deux ans de prison par le tribunal de la ville de Rosso, au sud de la Mauritanie, pour appartenance et administration d’une organisation non reconnue, pour participation à un rassemblement non autorisé et pour infractions commises à l’encontre des forces de l’ordre.

Biram Dah Abeid, avait déjà été arrêté en 2010 et en 2012.

Le 17 mai dernier, Amnesty International avait déclaré que la libération de Biram Ould Dah Ould Abeid et Brahim Bilal, qui ont passé 20 mois en prison, est un énorme soulagement et une excellente nouvelle pour toutes les personnes qui avaient fait campagne en ce sens.

Amnesty a aussi demandé que cette décision de justice incite les autorités mauritaniennes à mettre fin à la répression visant les défenseurs des droits humains et à libérer les autres prisonniers d’opinion détenus uniquement pour avoir exprimé leurs opinions de manière pacifique, à l’instar du blogueur Mohamed Mkhaïtir.