Selon le Pentagone, ce Français a été tué le 24 décembre. Washington le présente comme "lié directement" à Abdelhamid Abaaoud, le jihadiste belgo-marocain soupçonné d'avoir organisé les attaques qui ont fait 130 morts dans la capitale française.
D'après les Américains, il "préparait activement d'autres attaques" pour le compte du groupe Etat islamique (EI).
Une source française est moins affirmative: "En l'état, rien ne permet d'affirmer son implication" dans le carnage du mois dernier, les pires attentats jamais commis en France.
Mais, sans évoquer de liens établis avec Abaaoud, cette source relève qu'El Mouadan, 26 ans, était un ami de Samy Amimour, l'un des kamikazes du Bataclan, la salle de concerts parisienne dans laquelle 90 personnes ont été tuées.
Le pavillon de la famille El Mouadan à Drancy, dans la banlieue nord de Paris, a d'ailleurs été perquisitionné quatre jours après les attaques, selon une source proche du dossier.
El Mouadan et Amimour avaient été arrêtés en France en octobre 2012 avec un troisième homme, Samir Bouabout: ils projetaient de partir combattre, au Yémen ou en Afghanistan.
- L'ascendant de Mouadan -
Dans le trio, l'ascendant était clairement exercé par Charaffe El Mouadan, se souvient une source proche de l'enquête de l'époque.
Né près de Paris de parents marocains, dernier d'une fratrie de huit enfants, ce fils de mécanicien avait obtenu en 1992 la nationalité française.
C'est dans le pavillon familial que le jeune homme semble basculer dans l'islamisme radical, en "surfant" sur internet. Un mode d'initiation qui semble aussi voir été celui d'Amimour et de Bouabout.
Selon un proche entendu par les services antiterroristes, El Mouadan, qui a grandi dans une famille pratiquante, n'était "au départ, pas trop religion" avant d'en adopter une " vision extrémiste", sans toutefois fréquenter de mosquée particulière.
Départ groupé en Syrie
Le maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, a toutefois évoqué mardi le rôle d'un "recruteur qui fréquentait la mosquée du Blanc-Mesnil", une banlieue voisine.
En mars 2012, Mouadan, Amimour et Bouabout, s'inscrivent dans un club de tir sportif, pour s'aguerrir, reconnaîtront-ils. El Mouadan contracte un prêt à la consommation de 20.000 euros pour financer le périple avorté.
Mais après le coup de filet d'octobre de la même année, El Mouadan affirme aux enquêteurs avoir abandonné tout projet de jihad, préférant opter pour une "hijra", une immigration en terre d'islam pour parfaire ses connaissances en arabe.
Il semble d'ailleurs avoir brièvement séjourné en Tunisie comme Bouabout, indique une source proche du dossier. Le projet "yéménite" avait échoué en raison du manque de contacts et d'une mauvaise maîtrise de l'arabe.
Inculpés, les trois hommes sont néanmoins laissés libres. Un an plus tard, ils sont en Syrie. El Mouadan part le premier. Quelques jours plus tard, le 6 septembre 2013, Bouabout et Amimour sont repérés en Turquie. Ils sont accompagnés d'Omar Mostefaï, un autre kamikaze du Bataclan.
Auprès de ses proches, El Mouadan invoque la dimension "humanitaire" de son séjour syrien. Mais il incite en vain un de ses aînés à le rejoindre et envoie à un autre des photos de lui souriant et armé, rapporte une source proche du dossier.
Selon cette source, Mostefaï, Amimour, Bouabout et El Mouadan ont pu rester dans le même secteur en Syrie.
Les deux premiers sont morts au Bataclan. Après avoir cru qu'il pouvait être passé en Grèce en septembre, les enquêteurs sont convaincus que Bouabout était en Syrie au moment des attaques.
Quel rôle a joué El Mouadan? Selon un témoin, au Bataclan, l'un des assassins a demandé à son comparse s'il comptait appeler "Souleymane". Agacé, son complice lui aurait répondu qu'ils allaient mener la fin de l'opération "à leur sauce".
"Abou Souleymane" (le père de Souleymane) est le surnom qu'utilisait El Mouadan en Syrie et sur Twitter. Mais c'est un prénom commun et les enquêteurs français travaillent notamment sur un autre "Abou Souleymane", qui serait un Belge.
Avec AFP