Appel d'une Soudanaise condamnée à mort pour le meurtre de son mari "violeur"

Amnesty International qualifie d’"intolérance cruelle" la condamnation à mort de l’adolescente Noura Hussein Hammad violée dans un mariage forcé, 11 mai 2018. (Amnesty International)

Une jeune Soudanaise condamnée à mort pour avoir tué son mari accusé de l'avoir violée a interjeté appel, a annoncé son avocat.

Noura Hussein avait été reconnue coupable du "meurtre intentionnel" de l'homme que son père l'avait forcée à épouser à l'âge de 16 ans et qui, selon elle, l'avait violée.

Sa condamnation à mort a déclenché l'indignation internationale, notamment des Nations unies et de groupes de défense des droits de l'Homme.

"Aujourd'hui, nous avons interjeté appel contre la décision du tribunal", a déclaré à l'AFP Al-Fateh Hussein, son avocat. "Cela pourrait prendre des mois avant que la cour d'appel rende sa décision."

Des militants ont lancé une campagne intitulée "Justice pour Noura", de nombreux internautes remplaçant leur photo de profil sur Twitter et Facebook par un dessin représentant un voile blanc et des poings serrés.

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L'ONU a condamné la peine de mort prononcée contre la jeune femme, aujourd'hui âgée de 19 ans.

"Nous avons reçu des informations selon lesquelles le mariage forcé de Noura Hussein, son viol et d'autres formes de violence sexiste à son encontre n'ont pas été pris en compte par le tribunal comme éléments de preuve pour atténuer sa peine", a déclaré la porte-parole du Bureau des droits de l'Homme de l'ONU, Ravina Shamdasani, la semaine dernière à Genève.

"Les garanties les plus strictes d'un procès équitable n'ont pas été respectées", a-t-elle déploré. L'ONU est "extrêmement préoccupée pour sa sécurité et celle de son avocat et d'autres de ses soutiens."

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Selon Amnesty International, Noura Hussein a été mariée de force à l'âge de 16 ans. Lorsqu'elle a refusé de consommer le mariage, son mari a appelé deux de ses frères et un cousin pour qu'ils l'aident à la violer.

Quand il a essayé de la violer une deuxième fois, elle l'a poignardé à mort, selon l'ONG.

Au Soudan, la loi autorise le mariage des enfants de plus de 10 ans. La porte-parole de l'ONU a exhorté le Soudan à modifier ses lois pour criminaliser la violence domestique et le viol conjugal.

Avec AFP