Un collectif de dix-sept écrivains africains et occidentaux a lancé une pétition sur internet "pour la libération immédiate de Patrice Nganang". Moins de 24 heures après sa mise en ligne, la pétition avait déjà enregistré près de 900 signatures vendredi à la mi-journée.
Le Réseau des défenseurs des droits humains en Africain centrale (Rédhac) et Tribunal Article 53, une association locale de défense des droits humains, ont, dans un communiqué dénoncé "l'enlèvement, l'arrestation et la détention arbitraire" de M. Nganang, demandant aux autorités de le "libérer sans condition et à l'immédiat". Les deux organisations ont tenu vendredi une conférence de presse à ce sujet.
Patrice Nganang a été interpellé mercredi soir à l'aéroport de Douala, alors qu'il devait embarquer pour Harare, selon une source proche des service de sécurité, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat.
Selon cette source, il aurait été conduit à Yaoundé au SED (Secrétariat d'Etat à la Défense, direction de la gendarmerie. Selon le quotidien privé Le Jour, il se trouverait plutôt à la police judiciaire à Yaoundé. Certains activistes ont affirmé à l'AFP avoir mené des recherches pour le retrouver, en vain jusqu'à présent.
"Il s'est illustré ces derniers jours par un certain nombre d'actes de provocation", avait ajouté la source sécuritaire, évoquant notamment des publications sur sa page facebook.
L'écrivain, qui réside aux États-Unis, terminait un séjour au Cameroun pendant lequel il s'est notamment rendu dans les régions anglophones (ouest), plongée depuis un an dans une grave crise socio-politique aux accents sécessionnistes.
M. Nganang est l'auteur de "Temps de chien", prix Marguerite Yourcenar et Grand prix de la littérature d'Afrique noire. Il enseigne la littérature à l'Université de l'Etat de New York (Suny).
Mardi, il avait publié sur le site internet de l'hebdomadaire Jeune Afrique un "carnet de route en zone (dite) anglophone", très critique envers le président camerounais Paul Biya pour sa gestion de la crise et la répression dans ces zones, a rappelé JA, qui s'est inquiété jeudi matin de la "disparition" de l'écrivain.
"Critique féroce et conscience qui ne s'agenouille pas, il a fondé le mouvement +Génération Change+ (organisation de la société civile, qui oeuvre notamment en faveur du développement) et entreprend depuis plusieurs années tout un travail aussi bien sur le terrain que dans son écriture, dénonçant les immobilismes, fustigeant les pouvoirs corrupteurs", a écrit dans sa pétition le collectif d'écrivain.
Avec AFP