Après le débat Trump-Clinton, la course... et les flèches repartent

Le candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump face à la candidate démocrate Hillary Clinton lors leur premier débat télévisé à l'Université Hofstra à Hempstead, New York, le 26 septembre 2016.

Hillary Clinton est apparue requinquée mardi, au lendemain d'un débat tendu, qui l'a remise en selle face à Donald Trump, décochant de nouvelles piques à son adversaire, reparti comme elle vers des Etats-clés de l'élection présidentielle de novembre.

Les deux camps criaient victoire mardi matin mais avec davantage de conviction chez Hillary Clinton, qui a montré après sa pneumonie et deux semaines de quasi-absence qu'elle était en forme et n'avait rien perdu de sa vigueur. Le républicain n'a pas réussi à la déstabiliser.

Tout sourire dans l'avion qui devait l'emmener en Caroline du Nord (sud-est), Mme Clinton s'est félicité d'avoir vécu "un très grand moment" lundi soir, exposant son programme "sans véritable proposition de (son) opposant".

"Tout le monde a pu voir son attitude, son tempérament, son comportement sur le plateau et les gens ont pu en tirer leurs conclusions", a-t-elle estimé.

Visiblement ravie, elle n'a pas manqué de moucher son adversaire, qui l'a accusée de manquer "d'énergie" et s'est plaint après le débat d'avoir eu un mauvais micro. "Si on se plaint du micro, c'est qu'on ne passe pas une bonne soirée", a lancé Mme Clinton.

- 'Manque de carburant' -

"Et avec cette tendance à renifler, à boire plein d'eau et à agripper le pupitre, il a vraiment semblé en manque de carburant", a renchéri le président de son équipe de campagne, John Podesta.

Les prétendants à la succession de Barack Obama vont chacun tenter de capitaliser sur l'émission, regardée par des dizaines de millions d'électeurs, lors de meetings en Caroline du Nord pour Hillary Clinton et en Floride pour Donald Trump, deux grands Etats où ils sont au coude-à-coude.

L'objectif reste de convaincre ceux des Américains qui sont encore indécis à 42 jours du scrutin.

Les sondages montraient avant leurs joutes verbales un resserrement : l'ex-Première dame recueillant 43% des intentions de vote contre 41,5% pour l'homme d'affaires, selon la moyenne calculée par le site Real Clear Politics.

Le président Barack Obama a invité mardi les Américains à s'inscrire sur les listes électorales, estimant dans un tweet que "la politique ce n'est pas du sport spectacle".

Le milliardaire populiste a fait passer son message durant les 90 minutes d'échanges, reléguant sa rivale au rang des professionnels de la politique, au bilan lamentable. "Hillary a de l'expérience, mais de la mauvaise expérience", a-t-il dit.

Sa directrice de campagne Kellyanne Conway s'est félicité qu'il ait été "poli et un gentleman à son égard, notamment à la fin lorsqu'il a retenu le plus grand des coups possibles".

- 'Plus fort la prochaine fois' -

Donald Trump a en effet annoncé sur scène qu'il avait finalement décidé de ne pas dire "quelque chose d'extrêmement dur contre Hillary et sa famille", une allusion aux frasques sexuelles de Bill Clinton.

Il a semblé sur la défensive mardi, promettant sur Fox News que "la prochaine fois", il "taperait plus fort".

Lors du débat, le milliardaire, ancien organisateur de Miss Univers, est tombé dans un piège tendu par la candidate qui lui a rappelé ses critiques de la gagnante du concours 1996 parce qu'elle avait pris du poids, Trump la qualifiant de "Miss Piggy" ("Miss Peggy la cochonne").

Au lieu d'ignorer la polémique, Donald Trump est revenu à la charge mardi affirmant sur Fox que l'ancienne Miss "avait beaucoup grossi, c'était un vrai problème".

La candidate de bientôt 69 ans était venue préparée, glissant des saillies visiblement répétées, puisant dans le passé de "Donald" et profitant des problématiques internationales pour démontrer sa connaissance des dossiers.

L'objectif de l'ancienne secrétaire d'Etat, jugée indigne de confiance par quelque 60% des Américains, était aussi d'adoucir son image.

Elle est donc restée impassible, droite, souriante. Celle qui s'est souvent vu reprocher de crier en meeting a refusé tout pugilat, laissant Donald Trump l'interrompre.

Le républicain est apparu relativement discipliné mais plus véhément qu'elle.

Focalisé sur la conquête des électeurs de la classe moyenne, le populiste a emprunté aux registres de la droite et de la gauche pour dénoncer les effets néfastes de la mondialisation, plaçant Clinton sur la défensive.

Mais il s'est retrouvé dans l'embarras plusieurs fois, notamment sur son refus de publier sa feuille d'impôts.

Avec AFP