Après deux mois de tribulations, les antimigrants mettent pied à terre en Libye

Des agents de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms secourent des migrants en plein Méditerranée, à près de 15 miles au nord de Sabratha, Libye, 25 juillet 2017.

Les militants d'extrême droite qui voulaient passer l'été à contrôler les ONG secourant des migrants au large de la Libye ont mis pied à terre dimanche, après deux mois de tribulations et moins d'une semaine de patrouille.

Les six militants européens de Génération identitaire (GI), réunis au sein du collectif "Defend Europe", étaient bloqués depuis le 17 août au large de Malte, dont le gouvernement refusait l'accès à leur navire.

Le C-Star a été loué grâce à un appel aux dons sur internet qui a permis de collecter plus de 233.000 dollars (195.000 euros). Parti début juillet de Djibouti, il a été retardé par des soucis administratifs au canal de Suez, puis par un imbroglio juridique à Chypre, quand son commandant a été soupçonné d'aide à l'immigration clandestine.

Après s'être embarqués en catimini au large de la Crète, les militants sont finalement arrivés le 5 août au large de la Libye. "Nous vous demandons de quitter la zone de secours", ont-ils lancé par radio à plusieurs navires d'ONG. "Vous agissez en tant que facteur incitatif sur les trafiquants d'êtres humains. Nous allons vous surveiller".

En fait, le navire est parti se ravitailler en Tunisie. Mais il est resté bloqué cinq jours au large, des pêcheurs et un puissant syndicat s'étant opposés au "bateau du racisme".

Il a ensuite dû couper ses moteurs une journée à la suite d'une avarie, ce qui a déclenché une procédure de signalement aux navires des environs, parmi lesquels celui de l'ONG allemande Sea-Eye qui s'est fait une joie de proposer son aide -refusée- au "navire nazi".

Le C-Star a finalement entamé ses patrouilles le 12 août, suivant les navires d'ONG et écoutant leurs échanges radio. Faute de dénicher des preuves de contacts avec les trafiquants, ils ont au moins relevé le dépit de certains secouristes face au blocage des migrants Libye.

En effet, et sans que les raisons en soient claires pour l'instant, les départs de Libye sont en chute libre : l'Italie a vu débarquer 4.300 migrants depuis le 15 juillet, l'équivalent des mois d'hiver les plus creux ces dernières années.

Et tandis que les menaces des gardes-côtes libyens poussaient plusieurs ONG à suspendre leurs opérations, le C-Star a mis le cap sur Malte et annoncé le 17 août la fin et le "succès" de sa mission.

Mais là encore, nouvelle déconvenue : "Nous ne voulons pas que ce navire arrive sur nos côtes parce que nous désapprouvons tout ce qu'il représente", a martelé un porte-parole du gouvernement de gauche maltais, soutenu par l'opposition nationaliste.

Dimanche, les six militants de GI ont quitté le C-Star à bord d'un petit bateau et sont allés poser par défi devant les bureaux du Premier ministre, Joseph Muscat, avant de rentrer chez eux en France, en Italie ou encore en Autriche, promettant de nouvelles actions.

Avec AFP