La première phase du retrait "ordonné, responsable et durable" de la Monusco, réclamé par les autorités de Kinshasa qui la jugent désormais inutile et indésirable, devait s'achever le 30 avril dans le Sud-Kivu, une des provinces orientales de la RDC en proie aux violences armées.
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Tous les Casques bleus n'en sont pas encore partis, mais la Monusco a confirmé mardi soir la fin de ses "opérations" dans cette province, conformément au plan de désengagement.
Parmi les bases onusiennes transférées aux autorités de RDC, celle de Kamanyola (dans la plaine de la Ruzizi) a été remise à la Police nationale congolaise. Deux mois après le départ des Casques bleus pakistanais, elle ressemble plus à un taudis qu'à un poste de police.
"Nous n'avons rien à manger ici!", s'indigne Bruno, l'un des policiers de la place. Entouré de trois collègues, en habits civils et chaussés de sandales, il prépare dans une casserole posée à même le sol du foufou (pâte de maïs ou de manioc) qu'il a "mendié" auprès d'une église protestante de la ville. "Si je ne partage pas, mes collègues vont mourir de faim", lance-t-il.
Après avoir cuisiné, le petit groupe déambule dans ce qui était il y a encore deux mois une base de l'ONU. Ils passent à côté de l'ancienne zone d'atterrissage des hélicoptères, où les plants de maïs qu'il cultivent atteignent plus de deux mètres.
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Bruno s'emporte : "J'ai abandonné ma femme et mes enfants à Uvira (75 km plus au sud), ils souffrent là-bas et nous, on nous laisse dans ces maisons en carton !", dit-il en frappant du poing contre la cloison d'un des préfabriqués qui leur servent de dortoirs.
A l'intérieur, assis sur un matelas, un homme en civil fume un joint de cannabis. Lui aussi est un policier de l'"unité spéciale d'intervention" déployée à Kamanyola. Il explique que lui et ses collègues ont volé des matelas lors de la cérémonie de passation, organisée le 28 février devant un parterre de gradés congolais et de hauts-fonctionnaires de l'ONU. "Si on ne l'avait pas fait, aujourd'hui on dormirait uniquement sur ces planches, et elles ont des clous", montre le policier.
"C'est ça le problème"
Fin avril, plus de la moitié des 115 policiers censés occuper la base l'avaient désertée, a constaté un journaliste de l'AFP. Et ceux qui restent se plaignent de leurs conditions de vie et de l'absence de rémunération. "Un policier qui passe deux jours sans manger alors qu'il a une arme... ça devient facile pour lui d'attaquer de paisibles citoyens" pour se ravitailler, dénonce Joe Wendo, un acteur de la société civile locale.
Il se souvient que la Monusco a offert à la police "trois Jeep", mais que les autorités congolaises n'ont jamais livré de carburant. "Quand il y a une intervention à faire, comment peuvent-ils se déplacer ? C'est ça le problème", s'inquiète Joe Wendo. La plaine de la Ruzizi, aux confins du Rwanda et du Burundi, est réputée pour être un haut lieu de braquages et de kidnappings.
"Le processus de désengagement de la Monusco évolue bien", déclare toutefois à l'AFP Gaston Cissa wa Numbe, le ministre provincial chargé de la liaison entre le gouvernement et l'ONU au Sud-Kivu. Il reconnaît qu'il y a "quelques défis, liés notamment à l'approvisionnement en courant électrique et en eau potable", mais assure qu'"une solution vient d'être trouvée".
La deuxième phase du plan de désengagement de la Monusco concernera le Nord-Kivu, où la rébellion du M23, appuyée par des unités de l'armée rwandaise, s'est emparée de larges pans de la province ces deux dernières années. Début avril, plusieurs bases de la Monusco dédiées à la défense de la capitale provinciale Goma ont été récupérées par la rébellion, après que des Casques bleus indiens les ont abandonnées, contre les ordres de leur hiérarchie.
Après 25 ans de présence, le départ des Casques bleus a été acté en décembre par le Conseil de sécurité de l'ONU, malgré ses inquiétudes sur l'escalade de la violence dans l'Est congolais. A la veille du lancement du plan de désengagement, la Monusco comptait environ 15.000 Casques bleus. En janvier, Kinshasa a souhaité que le retrait soit complet à la fin de cette année. Le Conseil de sécurité n'a quant à lui pas fixé de date limite.