Après les inondations, le coût du désastre pour l'Afrique du Sud

L'étendue complète des dégâts est toujours en cours d'évaluation, certaines zones inondées étant encore inaccessibles.

Les inondations sans précédent qui ont récemment frappé la côte est de l'Afrique du Sud, faisant au moins 435 morts, ont porté un nouveau coup à l'économie de la province du KwaZulu-Natal (KZN, est), région économique clef.

Marquée comme le reste du monde par le Covid, le KZN avait déjà subi de coûteuses destructions lors d'une vague inédite d'émeutes et de pillages en juillet.

Un nerf de l'économie

Avec 2,4 millions d'actifs sur 14,5 millions dans le pays, le KwaZulu-Natal représente plus d'un sixième du PIB de l'Afrique du Sud, derrière la province du Gauteng qui compte la capitale Pretoria et Johannesburg, selon le cabinet d'audit international PwC.

Le port de Durban, ville ouverte sur l'océan Indien épicentre de la catastrophe, est la plus grande plateforme commerciale du pays pour les secteurs agricole, automobile et minier. Premier terminal maritime d'Afrique du Sud, il traite plus de 60% du trafic de conteneurs, indique Christie Viljoen, économiste de PwC.

Le coût global

L'étendue complète des dégâts est toujours en cours d'évaluation, certaines zones inondées étant encore inaccessibles.

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Les militaires à l'aide face aux inondations en Afrique du Sud

Les autorités locales ont donné une première estimation se montant à près de 44 millions d'euros (740 millions de rands). Cette estimation ne prend pas en compte la réparation des infrastructures, une facture qui se chiffrera en centaines de millions d'euros, redoutent les autorités.

La majorité des 1.150 entreprises de l'agglomération ont été lourdement impactées. Les économistes et les chefs d'entreprise affirment que les inondations pourraient bloquer la croissance en 2022.

"Il faudra environ trois mois pour que l'activité économique de la ville retrouve son niveau", a déclaré Ajiv Maharaj, chargé du développement économique dans l'agglomération.

Pression sur les exportations

Les dommages dans le port et sur le site des entreprises, qui s'ajoutent à l'impact de la guerre en Ukraine sur la chaîne d'approvisionnement, vont freiner les exportations, selon les experts.

Avec un fret routier réduit de moité entre Durban et le Gauteng, "les expéditions et les recettes d'exportation seront sous pression à court terme", a mis en garde le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Palesa Phili. "Les marchandises endommagées dans les entrepôts et les ports ne peuvent pas nécessairement être remplacées", a-t-il ajouté.

La région fabrique des produits alimentaires, des boissons et du tabac, des textiles et du cuir, ainsi que des produits pétroliers et chimiques. Son industrie automobile est également un important employeur. Toyota a temporairement suspendu les activités de son usine de Durban, prévoyant des retards de livraison.

Le prix pour l'agriculture

La province est une région agricole clé, connue pour ses champs de canne à sucre dans la région de Tongaat, au nord de Durban.

Le ministre de l'Agriculture, Thoko Didiza, a estimé les pertes pour le secteur à près de 30 millions d'euros (plus de 500 millions de rands). Environ la moitié pèsera sur les producteurs de canne à sucre, qui ne craignent toutefois pas de pénurie.

Le tourisme inquiet

Durban est une destination touristique de premier plan, prisée pour un climat subtropical chaud, ses plages idylliques et sa faune. Le secteur qui espérait un rebond avec une accalmie de la pandémie causée par le Covid-19 s'attend désormais à des annulations de la part de voyageurs locaux et internationaux.

Les professionnels passeront un test crucial le mois prochain avec l'Africa Travel Indaba à Durban, grand-messe annuelle qui doit rassembler quelque 6.000 personnes. "Le salon aura bien lieu", a affirmé Themba Khumalo, de l'organisation SA Tourism, "en période de crise, ce n'est pas le moment de se replier".