HRW dénonce le "discours haineux" de dignitaires religieux en Arabie saoudite

Manifestants iraniens protestant contre l'exécution par l'Arabie saoudite de l'opposant et chef religieux shiite Sheikh Nimr al-Nimr, Téhéran, Iran, le 3 janvier 2016. (AP Photo/Vahid Salemi)

Certains dignitaires religieux et institutions en Arabie saoudite incitent à la haine et à la discrimination contre des communautés religieuses, y compris la minorité musulmane chiite, a affirmé mardi l'organisation Human Rights Watch (HRW).

Dans un rapport de 62 pages intitulé "Ils ne sont pas nos frères: discours haineux de responsables saoudiens", HRW écrit que l'Arabie saoudite a permis à des oulémas désignés par le gouvernement de parler de minorités religieuses "en termes méprisants" et de "les diaboliser dans des documents officiels et des décisions religieuses".

Au cours des dernières années, des dignitaires religieux ont utilisé internet et les réseaux sociaux pour "inciter à la haine contre des musulmans chiites et d'autres qui ne se conforment pas à leurs opinions", indique l'organisation de défense des droits de l'Homme dont le siège est à New York.

L'Arabie saoudite est une monarchie absolue régie par le wahhabisme, version rigoriste de l'islam sunnite. La minorité chiite se concentre dans la Province orientale du royaume et des tensions l'opposent parfois au pouvoir central qui dénonce des "ingérences de l'Iran".

Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient, a estimé que "le discours haineux prolonge la discrimination systématique contre la minorité chiite et, dans le pire des cas, il est utilisé par des groupes violents" comme le groupe Etat islamique (EI) ou Al-Qaïda pour justifier leurs attaques contre des chiites.

Dans son rapport, HRW s'insurge également contre "un parti pris antichiite" dans le système judiciaire saoudien et dans les programmes religieux du ministère de l'Education.

L'organisation a aussi relevé des "références méprisantes" au judaïsme, au christianisme et à l'islam soufi dans ces programmes.

Selon le rapport, lors d'une réunion publique, un membre du Haut comité des oulémas saoudiens a déclaré à propos des musulmans chiites: "Ils ne sont pas nos frères (...) ils sont plutôt les frères de Satan".

Avec AFP