Ces entités, domiciliées pour la plupart en Syrie et au Liban, travaillent "au bénéfice" du Centre d'Etudes et de Recherches syrien (CERS), "principal laboratoire syrien en charge du développement et de la production non conventionnelle d'armes chimiques et de vecteurs balistiques", ont indiqué Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire dans un communiqué commun.
"Elles ont été désignées pour leur implication dans la recherche et/ou l'acquisition pour ce centre de matériels contribuant au développement des capacités militaires chimiques et balistiques de ce pays", est-il ajouté.
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Deux ressortissants syriens sont également cités, ainsi qu'une personne née en 1977 au Liban dont la nationalité n'est pas précisée.
Les entreprises Al Mahrous Group (Damas) - dont deux filiales à Dubaï et en Egypte - Sigmatec (Damas), Technolab (Liban) ainsi qu'une société de négoce basée à Guangzhou en Chine sont notamment visées.
Ces trois entreprises sont déjà la cible de sanctions de la part du Trésor américain, pour des liens présumés avec le programme d’armement syrien.
Les avoirs de ces entités et personnes sont gelés pour six mois et toute mise à disposition de fonds ou ressources économiques interdite pour la même durée, stipulent des arrêtés publiés vendredi au Journal Officiel.
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Le CERS est depuis longtemps dans le viseur des Occidentaux. L’entité, rattachée au ministère de la Défense syrien, et soupçonnée d'être le principal laboratoire en charge des programmes chimiques. Le 14 avril, les frappes occidentales en Syrie menées par Washington, Paris et Londres avaient visé des antennes de cette institution, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme OSDH.
Aziz Allouche, propriétaire de l'entreprise Technolab basée à Nabatiyé, dans le sud du Liban, a assuré à l'AFP fournir uniquement aux universités, écoles et centres éducatifs professionnels du matériel électronique et mécanique.
Depuis 2016 et les sanctions américaines, il assure avoir "arrêté le travail avec la Syrie" même s'il reconnaît toujours "aider des gens qu'il connaît personnellement".
"J'ai été surpris par l'information, je ne travaille pas avec la France. Je ne travaille pas du tout avec la France. S'ils veulent m'interroger, ils sont les bienvenus. Je n'ai pas d'argent, ni à la banque, ni en France, nous sommes une petite entreprise", affirme-t-il.
Ce sont des produits "à double usage. Les appareils que l'université prend peuvent avoir un usage civil ou militaire", explique-t-il, mais "si quelqu'un prend un appareil et l'utilise pour faire autre chose, en quoi est-ce ma faute?"
Une trentaine de pays se mobilisent vendredi à Paris pour trouver des mécanismes permettant de mieux identifier et punir les responsables d'attaques chimiques, après plusieurs vétos russes à la poursuite d'enquêtes internationales dans le cas de la Syrie.
"Alors que les armes chimiques avaient disparu depuis près de vingt ans, leur réapparition en Irak, en Syrie, en Asie ou en Europe entre les mains d’acteurs étatiques et non étatiques exige une mobilisation résolue de la communauté internationale", ont déclaré les deux ministres.
La France avait déjà gelé en janvier les avoirs de 25 entités et responsables d'entreprises syriens mais aussi français, libanais ou chinois, soupçonnés d'alimenter le programme syrien d'armes chimiques.
Parmi les entreprises visées figuraient alors des importateurs et distributeurs de métaux, d'électronique et de systèmes d'éclairage. Certaines n'avaient pas d'existence physique à l'adresse indiquée.
Avec AFP