Le Burkina Faso a un nouveau Premier ministre

Le Burkina Faso a un nouveau Premier ministre

L'ambassadeur du Burkina Faso à Paris, Luc-Adolphe Tiao, a été nommé par décret Premier ministre en remplacement de Tertius Zongo, limogé à la suite de mouvements de contestation dans tout le pays, en particulier de soldats.

La contestation a gagné du terrain au Burkina Faso où des jeunes ont manifesté violemment à Koudougou (ouest). Des soldats se sont à nouveau fait entendre à Kaya (nord), après Ouagadougou, Pô (sud) et Tenkodogo (est).

A Koudougou, une manifestation d'étudiants a dégénéré : les jeunes ont incendié le siège du Congrès pour la démocratie et la paix (CDP, au pouvoir), une résidence de l'ex-Premier ministre Tertius Zongo, ainsi que le domicile du proviseur du principal lycée de la ville.

Koudougou est la ville d'où est partie la contestation au Burkina Faso, après la mort d'un élève, Justin Zongo, le 20 février lors d'une manifestation.

Ses proches avaient accusé la police d'être à l'origine de sa mort, les autorités affirmant qu'il était décédé d'une méningite.

Cette manifestation violente est survenue quelques heures après une nouvelle mutinerie des soldats et des gendarmes qui sont descendus pendant plusieurs heures dans les rues de Kaya où ils ont tiré en l'air.

Les mutins ont incendié le domicile du chef du corps du régiment de commandement d'appui et de soutien (CAS) et saccagé celui du commandant de la 1ère région militaire, celle de Kaya.

Selon un officier, les militaires demandent « le paiement d'indemnités de logement, de primes alimentaires et des salaires du mois de mars qui n'ont pas été versés du fait de la fermeture des banques à cause de la mutinerie ».

Le paiement des salaires de mars avait débuté samedi dans la capitale et s'est poursuivi lundi dans toutes les garnisons du pays, a-t-il affirmé.

Le calme est revenu à Pô (sud) où sont formées les unités d'élite de l'armée et où les soldats s'étaient mutinés samedi et dimanche, et à Tenkodogo (est), théâtre d'une mutinerie dimanche.

A Ouagadougou, qui depuis quelques jours a des allures de ville morte, la vie a repris son cours normal, sans incidents au marché central, théâtre le week-end dernier de violences provoquées par des commerçants excédés par l'action des militaires qui avaient pillé et saccagé de nombreuses boutiques.

Au moins 45 personnes ont été blessées par balle depuis jeudi dernier à Ouagadougou et deux à Pô. Des cas de viols ont également été signalés.

Le pouvoir est confronté depuis février à plusieurs mouvements de contestation des jeunes, des magistrats, des commerçants et des soldats. Après la mort de Justin Zongo, au moins six autres personnes ont été tuées lors de manifestations violentes.

Le 8 avril, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté pacifiquement dans plusieurs villes du pays contre le régime Compaoré, dénonçant également des conditions de vie de plus en plus difficiles.

M. Compaoré a été réélu quatre fois avec plus de 80% des voix depuis son arrivée au pouvoir en 1987 par un coup d'Etat.