"Le tribunal a ordonné l'arrêt des poursuites et le classement du dossier", a déclaré Me Alice Nkom, avocate de la journaliste qui avait été remise en liberté samedi, après avoir été arrêtée deux jours plus tôt.
Mimi Mefo, rédactrice en chef adjointe et présentatrice vedette de la télévision privée Equinoxe TV, s'est rendue au tribunal militaire de Douala où l'abandon des poursuites à son encontre lui a été officiellement notifié.
Après sa libération samedi, le porte-parole de l'armée, le colonel Didier Badjeck, avait indiqué sur les réseaux sociaux que la décision en avait été prise "personnellement" par le président Paul Biya.
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Mimi Mefo avait été arrêtée et écrouée à Douala dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir été notamment inculpée d'"atteinte à la sûreté de l'Etat" par le tribunal militaire de la capitale économique camerounaise.
Il lui était reproché d'avoir affirmé dans un post qu'un missionnaire américain, Charles Truman Wesco, avait été tué par l'armée fin octobre en zone anglophone en proie à un conflit armé.
Dans un autre post, la journaliste avait relayé la version du ministère camerounais de la Défense, imputant la responsabilité de la mort du missionnaire américain aux séparatistes anglophones.
Son incarcération avait suscité l'indignation nationale et internationale des syndicats et organisations de défense des journalistes.
"Son innocence est établie et la preuve que (son) emprisonnement était planifié est cinglant", avait affirmé le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) en demandant au gouvernement de la libérer "sans aucun préalable".
Lire aussi : Une journaliste anglophone écrouée à la prison de Douala au CamerounLe syndicat, qui compte plus de 400 membres, avait décidé de boycotter "toutes les activités du gouvernement pendant 10 jours" à compter de jeudi.
Reporters sans frontières (RSF) avait également demandé la libération immédiate de la journaliste d'Equinoxe TV. "Les journalistes qui couvrent la crise anglophone ne sont pas des criminels !", selon l'ONG.
Mimi Mefo, en plus de ses responsabilités à Equinoxe TV, anime un site internet sur lequel elle rend régulièrement compte de l'actualité des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à un conflit armé avec les séparatistes depuis un an.
Depuis la tenue de la présidentielle le 7 octobre, remportée par le président Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir, au moins six journalistes ont été interpellés au Cameroun.
Michel Biem Tong, promoteur d'un site Internet, a été arrêté le 23 octobre et se trouve toujours en détention pour des faits allégués d'"apologie" de sécession.
Avec AFP