Né le 25 novembre 1946 dans une famille très modeste, le jeune Atiku rêve d'aller à l'école alors que son père, musulman ultra-conservateur, refuse.
Son père sera finalement puni par la loi et incarcéré pendant le régime militaire. "Je suis un pur produit de l'éducation publique", confiait le candidat à la primaire du Parti Populaire Démocratique (PDP) à l'AFP. "C'est pour cela que pour moi l'éducation est la priorité et ma passion".
Musulman polygame et père de plus de vingt enfants, l'homme d'affaires est arrivé en politique par hasard, après avoir amassé une fortune colossale pendant près de 20 ans dans une société d'import-export avec un partenaire italien, alors qu'il travaillait pour les douanes du port de Lagos et y avait un accès privilégié.
Lire aussi : L'ancien vice-président Abubakar affrontera le chef de l'Etat Buhari au NigeriaSa richesse a toujours été ternie par des accusations de corruption ou des scandales de conflits d'intérêts, mais aucun de ses détracteurs n'a réussi à en apporter les preuves ni à le traîner en justice.
Le FBI américain a toutefois effectué une descente dans sa résidence près de Washington, en mai 2005, apparemment dans le cadre d'une enquête sur un contrat impliquant l'ancien membre du Congrès de Louisiane William Jefferson.
Jefferson a par la suite été reconnu coupable de corruption, mais Abubakar, alors vice-président en exercice, est sorti indemne du scandale. Il est toujours persona non grata sur le sol américain, et ne s'est plus jamais rendu aux Etats-Unis depuis cette époque.
Multimillionnaire, l'homme d'affaires a investi dans de nombreux secteurs, notamment celui du pétrole, de l'agriculture, des télécommunications et plus récemment de la santé, en plus de devenir l'un des hommes politiques les plus influents de son pays.
"Atiku" -tel qu'il est surnommé au Nigeria- s'est forgé un important réseau au cours de sa longue carrière politique, tant au niveau national que dans sa région, l'Etat de l'Adamawa (nord-est).
Défections
Sa première tentative de briguer la présidence date de 1993. Il perd aux primaires du Parti Social Démocratique, mais le pays ne parvient toujours pas à s'affranchir du pouvoir militaire et le scrutin est finalement annulé.
Lorsque le premier exportateur de pétrole d'Afrique accède enfin à la démocratie en 1999 en organisant ses premières élections, Abubakar devient le vice-président d'Olusegun Obasanjo, sous la bannière du PDP.
Pendant deux mandats de quatre ans, le duo supervise notamment toute la politique de privatisation des institutions publiques gangrenées par des décennies de régimes militaires corrompus.
Toutefois dès 2006, les relations entre les deux hommes se dégradent alors qu'Obasanjo veut briguer un troisième mandat, ce qui est contraire à la Constitution du pays.
Lire aussi : Buhari sera candidat à sa propre succession au NigeriaAbubakar décide de quitter le PDP pour présenter sa candidature au scrutin de 2007, ce que ne lui pardonnera jamais son ancien parrain en politique, Obasanjo.
Son score est pourtant plutôt médiocre puisqu'il arrive troisième derrière le vainqueur Umaru Musa Yar'Adua et déjà à l'époque, Muhammadu Buhari, son ennemi de toujours, qui est l'actuel président du Nigeria et candidat à sa succession.
En 2011, il regagne le PDP, retente sa chance contre Goodluck Jonathan et échoue. En 2014, il quitte le PDP pour s'allier au Congrès des Progressistes (APC) et doit à nouveau s'incliner devant... Muhammadu Buhari qui remportera finalement le poste suprême un an plus tard.
En décembre 2017, alors que Buhari est déjà perçu comme le seul candidat possible pour représenter l'APC, Abubakar retrouve le PDP, accusant l'ancien général d'avoir "abandonné le peuple nigérian, et particulièrement les jeunes".
En septembre dernier, il a accusé Buhari d'être "ivre de pouvoir".
Avec AFP