Attaque à la grenade contre l'ambassade américaine au Monténégro

La police devant l'entrée de l'ambassade des Etats-Unis, Podgorica, Monténégro, le 22 février 2018.

Un Monténégrin de 43 ans s'est fait exploser dans la nuit de jeudi à vendredi devant l'ambassade des Etats-Unis à Podgorica après avoir jeté une grenade à l'intérieur de l'enceinte du bâtiment.

"A l'heure actuelle, nous n'avons pas trouvé d'éléments nous permettant de parler de terrorisme", a commenté la procureure Lepa Medenica, sans plus de précisions sur le mobile de cet homme.

Petit pays balkanique de 660.000 habitants, le Monténégro a rejoint l'Otan au printemps, malgré l'opposition d'une grande partie de sa population, majoritairement orthodoxe. Selon des chiffres récents, 23 de ses ressortissants ont par ailleurs rejoint les rangs jihadistes en Syrie et en Irak.

L'auteur de l'attaque n'a a priori pas le profil d'un militant islamiste. Inconnu de la justice, il n'a été identifié par les enquêteurs que par ses initiales, D.J. Il est né en Serbie.

- Réseaux sociaux -

Les enquêteurs, "en coopération avec le FBI, examinent les activités sur les réseaux sociaux" de l'assaillant afin de déterminer "ses motivations et s'il a agi seul ou avec des complices", a précisé un haut responsable du ministère de l'Intérieur, Enis Bakovic.

Le principal quotidien du pays, Vijesti, a diffusé des éléments de sa page Facebook, notamment la photo d'un diplôme, signé de l'ancien président de la Serbie Slobodan Milosevic : celui-ci fait état d'une décoration que cet homme avait obtenue pour son engagement au sein de l'armée yougoslave en 1999, année des frappes de l'Otan sur la Serbie pour mettre un terme à la guerre du Kosovo.

A cette époque, le Monténégro et la Serbie étaient unis au sein de ce qui restait de la République fédérale de Yougoslavie. Le Monténégro a proclamé son indépendance en 2006 et suit depuis résolument une politique pro-occidentale.

"L'assaillant a jeté une grenade de type M-75 dans la cour de l'ambassade et s'est fait exploser avec un engin du même type", a déclaré Mme Medenica. A l'exception d'un petit cratère dans une cour de l'ambassade, l'explosion n'a pas fait d'autres dégâts.

"J'ai entendu deux explosions, l'une après l'autre. La police est arrivée très vite et a emporté le corps d'un homme", a raconté à l'AFP sous couvert d'anonymat le gardien de nuit d'un centre sportif proche de l'ambassade.

Très sécurisé, le bâtiment est en proche périphérie de Podgorica, près du bâtiment de la police secrète et de la rivière Moraca. Un témoin a raconté que l'homme était arrivé à pied par un pont.

L'ambassade des Etats-Unis à Podgorica a quant à elle confirmé "une petite explosion près de l'ambassade".

La mission diplomatique américaine, qui restera fermée jeudi, a demandé aux ressortissants américains d'"éviter jusqu'à nouvel ordre l'ambassade à Podgorica", tout en précisant que l'ensemble de son personnel était indemne.

- Opposition à l'Otan -

L'annonce de l'adhésion à l'Otan du Monténégro avait entraîné de violentes manifestations en 2015.

En octobre 2016, les autorités monténégrines avaient dit avoir empêché un putsch préparé par un groupe de militants prorusses, dont une majorité de Serbes, qui auraient projeté de renverser le gouvernement le soir des législatives.

Selon le parquet, les putschistes avaient prévu d'envahir le Parlement pour y proclamer leur victoire. Le but aurait été de faire pièce à l'intégration à l'Otan.

Pendant l'enquête, les autorités ont également évoqué un projet d'assassinat du Premier ministre de l'époque, Milo Djukanovic.

Quinze personnes sont jugées pour cette tentative, parmi lesquelles deux Russes et deux Serbes qui sont en fuite.

L'opposition prorusse avait dénoncé un "procès politique monté de toutes pièces" par le pouvoir.

A la suite de cette attaque, les autorités ont renforcé la sécurité autour de l'ensemble des représentations diplomatiques du Monténégro.

Dans la région des Balkans, l'ambassade des Etats-Unis à Sarajevo avait été visée en octobre 2011 par une attaque, cette fois de nature islamiste. Mevlid Jasarevic avait tiré à l'arme automatique sur le bâtiment pendant près d'une heure. Il avait blessé un policier, avant d'être lui-même blessé par un tireur d'élite et arrêté. Il a été condamné à 15 ans de prison.

Avec AFP