Attentat à Tel-Aviv: Israël prend des premières mesures autour du ramadan

Le personnel de sécurité israélien sur les lieux de l'attentat de Tel-Aviv, le 8 juin 2016.(REUTERS/Baz Ratner)

Israël a annoncé jeudi le gel de dizaines de milliers de permis d'entrée délivrés à des Palestiniens pour le ramadan, première mesure concrète au lendemain de l'attentat dans lequel deux Palestiniens ont tué quatre personnes à Tel-Aviv.

"Tous les permis délivrés pour le ramadan, en particulier les permis destinés aux visites familiales (pour les Palestiniens) en provenance de Judée-Samarie sont gelés. (...)", a indiqué le COGAT, organe chargé de coordonner les activités israéliennes dans les Territoires palestiniens. La mesure concerne "83.000 permis".

La Judée-Samarie est le nom par lequel le gouvernement israélien désigne la Cisjordanie occupée.

Une bonne partie de ces permis concerne a priori des Palestiniens se rendant à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem occupée et annexée par Israël, à l'occasion du mois sacré de jeûne musulman, qui a débuté lundi. D'autres Palestiniens se rendent traditionnellement en Israël pour retrouver des proches.

Les autorités israéliennes ont également décidé de geler toutes les demandes de permis par des habitants de la bande de Gaza, territoire palestinien séparé géographiquement de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem par le territoire israélien. De nombreux Gazaouis demandent traditionnellement aux autorités israéliennes de pouvoir sortir de Gaza, sous blocus de l'Etat hébreu, pour aller prier sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est à l'occasion du ramadan.

Ces mesures sont les premières annoncées après l'attentat commis mercredi soir à Tel-Aviv, où deux Palestiniens ont semé la terreur en ouvrant le feu aveuglément sur des clients attablés dans un quartier animé de restaurants et de bars. Quatre personnes ont été tuées, cinq blessés et les assaillants arrêtés.

- 'Truc de dingue' -

Cette attaque est la plus meurtrière de la part de Palestiniens contre des Israéliens depuis le début en octobre d'une vague de violences.

Deux Palestiniens ont ouvert le feu vers 21h30 (18h30 GMT) dans le quartier de Sarona, un ensemble d'établissements situés à deux pas du ministère de la Défense et très fréquentés à cette heure, ont rapporté la police et des témoins.

Avraham Liber, jeune homme venu de Jérusalem, partageait une glace en terrasse avec des amis. "J'ai pu voir le tireur", a-t-il relaté, "il avait l'air d'être assis sur une chaise, et puis il s'est levé, et il s'est mis à tirer comme ça sur les gens autour de lui, à bout portant". "C'est un truc de dingue", a-t-il ajouté.

Un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, n'a pas confirmé des informations selon lesquelles les deux hommes étaient déguisés en juifs, même s'ils portaient selon lui des vestes de costume noir, comme le font les ultra-orthodoxes juifs.

L'un a été arrêté apparemment indemne selon les indications de la police, l'autre a été atteint par des tirs et évacué, dans un état grave, vers l'hôpital.

La police les a identifiés comme deux Palestiniens, des cousins du secteur d'Hébron, en Cisjordanie occupée.

- Test pour Lieberman -

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est rendu sur les lieux de l'attentat après s'être entretenu avec d'autres hauts responsables dont le nouveau ministre de la Défense Avigdor Lieberman.

Il a dénoncé "un meurtre terroriste commis de sang-froid", selon ses services. "Il y aura des actions intensives de la police, de l'armée et d'autres services de sécurité, pas seulement pour capturer chaque complice de ce meurtre mais aussi pour prévenir de tels événements", a averti M. Netanyahu.

Les Etats-Unis, la France et l'ONU ont condamné l'attentat.

Israël, Jérusalem et les Territoires palestiniens sont en proie à des violences qui avaient coûté la vie, avant mercredi, à 207 Palestiniens, 28 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP. On ignore la nationalité des personnes tuées mercredi.

La plupart des Palestiniens tués sont les auteurs ou auteurs présumés d'attaques, commises pour un grand nombre au couteau. Le rythme des attaques s'était considérablement ralenti ces derniers mois.

Cet attentat est un premier test grandeur nature pour Avigdor Lieberman qui, quelques jours avant de devenir ministre de la Défense, avait accusé le gouvernement de faiblesse face aux attaques.

A Tel-Aviv, la municipalité a annoncé un renforcement des mesures de sécurité autour des écoles, des bâtiments publics et des endroits fréquentés.

Avec AFP