Le kamikaze a déclenché sa charge alors qu'il se trouvait parmi les fidèles marquant le 40e jour suivant l'Achoura dans la mosquée, a indiqué à l'AFP Fridon Obaidi, du ministère de l'Intérieur, faisant état de 27 morts. Selon le porte-parole du ministère de la Santé Mohammad Ismail Kawoosi, il y a eu en outre 64 blessés, dont des femmes et des enfants.
La Mission des Nations unies (Manua) a pour sa part évoqué 32 tués et 50 blessés.
"J'étais en train de prier, j'ai entendu une explosion et la poussière a entièrement recouvert la mosquée. Quand elle s'est dissipée, je n'ai vu que du sang et des corps...", a rapporté un témoin, Nadir Ali, depuis son lit d'hôpital. "J'ai été blessé au poignet mais j'ai réussi à ramper hors de la mosquée".
"J'étais dans la mosquée, les gens étaient en train de prier quand j'ai entendu un énorme 'bang' et les vitres exploser. Je n'avais aucune idée de ce que qui se passait, je me suis enfui en criant," a rapporté un autre témoin, Ali Jan, joint par l'AFP.
Les images de l'intérieur de la mosquée Baqirul Olum, dans l'ouest de la capitale afghane, montrent des locaux dévastés et des débris baignant dans des mares de sang, témoins de la violence du souffle.
"Beaucoup de gens ont été tués ou blessés, il ne restait pas un pouce sans taches de sang à l'intérieur de la mosquée", a confirmé Sayed Ali Sadat à l'AFP.
Les jihadistes de l'EI ont indiqué par un communiqué de leur agence de propagande Aamaq qu'un de leurs combattants était l'auteur de cette opération. L'EI avait déjà revendiqué de précédents attentats ciblant cette communauté.
Polémique
La communauté chiite, minoritaire en Afghanistan sunnite, célèbre lundi l'Arbaïn - littéralement "quarante" en arabe - qui marque la fin des 40 jours de deuil consécutifs à l'Achoura, en souvenir de la mort de l'imam Hussein.
La mort d'Hussein, petit-fils du prophète tué en 680, est un événement fondateur du chiisme.
Jusqu'à 20 millions de personnes sont d'ailleurs attendues en Irak dans la ville sainte chiite de Kerbala à l'occasion du pèlerinage annuel d'Arbaïn, maintes fois endeuillé par le passé.
Lors de l'Achoura le 13 octobre dernier, une série d'attentats revendiqués par l'EI contre les chiites afghans avait fait plus de 30 morts et près de 100 blessés, à Kaboul et Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord.
C'est la troisième fois que les chiites sont visés dans Kaboul depuis l'attentat du 23 juillet contre une manifestation de la minorité hazara qui avait fait 85 morts et plus de 130 blessés. Ce double attentat suicide au coeur d'une foule pacifique avait aussi été revendiqué par l'EI.
Dans un communiqué, le président Ashraf Ghani a rapidement condamné l'attaque "barbare" de lundi et dénoncé des "tentatives de division" de la population afghane. Le commandant de l'Otan en Afghanistan, le général John Nicholson, a transmis ses condoléances aux victimes tandis que l'ambassade américaine à Kaboul a condamné un attentat "lâche".
Amnesty International, déplorant une attaque "horrible et délibérée", a de son côté appelé le gouvernement à protéger les minorités.
La foule une fois de plus a reproché aux autorités d'être "incapables" d'assurer la protection des fidèles chiites.
"Les forces de sécurité ont encore été incapables de protéger les mosquées, les pèlerins et leurs rassemblements," s'est ainsi écrié peu après l'explosion un habitant qui s'est identifié comme "Rahmat". "Ils savent pourtant que Daech (acronyme arabe de l'EI) qui arrive à perpétrer des attaques en Europe peut facilement cibler des sites en Afghanistan. Ils devraient fournir une protection aux sites sacrés".
"Evidemment, puisqu'il n'y avait que des pauvres gens rassemblés et aucun responsable du gouvernement, les forces de sécurité n'ont rien fait pour assurer la sécurité ici" s'est plaint un autre témoin, Haji Eid Mohammad.
Avec AFP