Cette nouvelle attaque, qui n'avait pas été revendiquée en début de soirée, survient le jour où l'Onu a annoncé son "pire bilan des victimes civiles en dix ans", avec plus de 1.700 Afghans tués depuis le début de l'année, principalement dans des attentats.
"La cible de l'attentat est encore incertaine. Selon nos informations au moins sept personnes ont été tuées et quinze blessées dans cette attaque, il s'agit de civils et de membres des services de sécurité", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police afghane, Shashmat Stanikazai.
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Selon lui, le kamikaze s'est présenté à pied et a déclenché sa veste explosive. Il aurait été empêché de s'avancer plus près par les forces de l'ordre qui l'ont payé de leur sang.
Joint par l'AFP, le porte-parole du ministère, Fraidoon Azhan, a confirmé au moins "six morts, et aucun de nos employés", corrigeant ainsi ses premières informations.
Selon lui "le kamikaze s'est fait exploser près du ministère, mais il y avait des forces de sécurité" qui lui ont barré le chemin.
"Une voiture de conseillers étrangers garée à proximité a été partiellement endommagée, mais les étrangers eux-mêmes n'ont pas été touchés" a-t-il précisé.
- Le pire bilan en dix ans -
L'attentat est survenu vers 16H30 (12H00 GMT) sur une grande artère de l'ouest de Kaboul, dans le quartier de l'ancien palais royal de Darulaman.
Les riverains ont affirmé sur Twitter et à l'AFP que l'explosion était de forte puissance et qu'ils entendaient de nombreuses sirènes d'ambulances.
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Cet attentat s'inscrit dans une longue série d'attaques visant les bâtiments gouvernementaux.
Dimanche, la mission des Nations unies en Afghanistan (Manua) a publié son rapport semestriel sur les victimes civiles du conflit afghan, qui fait apparaitre un bilan record de près de 1.700 morts sur les six premiers mois de l'année.
C'est le pire enregistré depuis dix ans que l'ONU a commencé à comptabiliser les victimes civiles en 2009, malgré les trois jours de cessez-le-feu en juin.
La moitié de ces victimes ont été tuées dans des attentats, attribués majoritairement au groupe Etat islamique.
Au total sur la période, la population a enregistré 5.122 victimes, morts et blessés confondus, précise la Mission d'assistance des Nations unies à l'Afghanistan (Manua).
- Jihadistes de l'EI -
La capitale, Kaboul, et la province du Nangarhar, dans l'est, ont été les plus touchées -- y compris durant le cessez-le-feu dont l'EI était exclu.
Le 30 avril, un double attentat-suicide au milieu des reporters accourus pour couvrir une première explosion visant le siège des renseignements afghans dans la capitale a fait 25 morts, dont neuf journalistes. Parmi eux, le chef photographe de l'AFP Shah Marai.
Dans le Nangarhar, le nombre de victimes civiles a pratiquement doublé en un an (304 morts, 607 blessés) du fait des attentats.
Les jihadistes de l'EI, apparus début 2015 dans la province, frontalière du Pakistan, en ont fait sa base arrière même si les forces américaines ont accentué la pression pour le chasser de ses bastions il est toujours présent.
Les talibans, qui ont observé la trêve de l'Aïd-El-Fitr avec le gouvernement du 15 au 17 juin, sont responsables de 40% des morts sur la même période, estime l'Onu. Un attentat à l'ambulance piégée revendiqué par les talibans fin janvier à Kaboul avait fait plus de 100 morts au coeur de la ville.
La préparation des élections législatives d'octobre, les premières depuis 2010, occasionne des violences supplémentaires relève l'Onu: 117 personnes ont été tuées et 224 blessées dans des attentats contre les centres d'inscriptions sur les registres électoraux, ouverts le 14 avril.
Dans ce conflit qui s'éternise - près de quarante ans au total, dont six-sept depuis l'arrivée des Américains en octobre 2001 - les combats terrestres n'arrivent qu'au deuxième rang des causes de mortalité et de blessures dans la population afghane, en baisse de 18% sur la période. La première cause reste les attentats-suicide et attaques complexes (attaques déclenchées par un kamikaze, suivies d'occupation des sites visés et échanges de tirs).
Avec AFP