Attentats de Paris : l'enquête avance, Paris s'attend à de nouvelles attaques

Des opérations de police étaient en cours à Molenbeek, en Belgique, le 16 novembre 2015. (REUTERS/Yves Herman)

La France a mené plus de 150 perquisitions et arrêté 23 personnes dans la nuit de dimanche à lundi. Une opération de police a eu lieu en Belgique lundi midi. Manuel Valls dit s'attendre à d'autres attentats.

La France, "en guerre" selon son gouvernement, a mené dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 novembre une vaste opération de police dans les milieux islamistes.

Pus de 150 perquisitions ont eu lieu dans l'ensemble du pays. Ce vaste coup de filet a débouché sur 23 interpellations et la saisie de 31 armes. Une centaine de personnes ont également été assignées à résidence.​

Les liens avec la Belgique sont désormais établis. De source judiciaire, cinq personnes parmi les sept interpellées ont été relâchées en milieu de journée, dont Mohamed Abdeslam, un frère de l'un des kamikazes.

Il a été relâché "sans la moindre inculpation", a précisé son avocate à l'AFP.​ "Il a un alibi. Vendredi soir, il était avec son associé à Liège (est), où ils travaillent sur un projet de rénovation d'un lounge bar. (Les déclarations de) son associé, sa téléphonie..." ont confirmé "qu'il ne pouvait pas être à Paris vendredi", a ajouté l'avocate.

Aucune arrestation suite à l'opération en Belgique

"Deux continuent d'être détenus provisoirement", a indiqué le parquet fédéral belge à l'AFP.

L'enquête se concentre sur la commune bruxelloise de Molenbeek, considérée comme une plaque tournante des jihadistes en Europe. Une nouvelle opération de police s'est déroulée lundi à la mi-journée, visant à interpeller le suspect clé Salah Abdeslam, a annoncé lundi le parquet fédéral de Belgique à l'AFP.

"L'opération est terminée et le résultat est négatif (...) Personne n'a été arrêté", a déclaré le porte-parole du parquet, Eric Van Der Sypt, à l'AFP. "L'opération, qui a débuté à dix heures, s'est terminée", a confirmé la bourgmestre de Molenbeek, Françoise Schepmans, sur la chaîne de télévision privée RTL-TVi.

Toute la France s'est figée lundi à midi (11 h GMT) pour une minute de silence, également suivie en Europe, en hommage aux 132 personnes tuées et 350 blessées dans les attaques contre un stade, une salle de concert et des terrasses de café parisiens.

Deux nouvelles identifications

Au total, les enquêteurs ont identifié cinq des sept kamikazes responsables de ces attentats revendiqués par l’EI. Trois kamikazes avaient déjà été identifiés ce week-end : le Français Omar Ismaïl Mostefaï, né il y a près de 30 ans en banlieue parisienne, qui avait été signalé pour sa radicalisation et fiché par les services de renseignement français. Deux autres, Bilal Hadfi (20 ans) et Brahim Abdeslam (31 ans), sont des Français résidant en Belgique.

Lundi, la Justice a annoncé deux nouvelles identifications, notamment celle de Samy Amimour, un Français de 28 ans originaire de banlieue parisienne. Connu de la justice antiterroriste depuis 2012, il s'était rendu en Syrie en 2013 selon sa famille. Trois de ses proches ont été placés en garde à vue.

Les empreintes digitales d'un autre kamikaze, près duquel un passeport syrien au nom d'Ahmad Al Mohammad a été retrouvé, concordent avec celle d'un homme contrôlé en octobre en Grèce. Il pourrait pourtant s’agir d’un faux document.

Les enquêteurs veulent aussi établir précisément les connexions existant avec la Syrie. Mostefaï a très vraisemblablement séjourné en Syrie entre 2013 et 2014. Hadfi et Amimour y sont aussi allées et la question se pose pour d'autres assaillants, identifiés ou en voie de l'être.​

Nouvelles attaques en vue

Evoquant une "guerre qui va être longue et difficile", le Premier ministre Manuel Valls a mis en garde contre de nouvelles attaques "dans les jours ou les semaines qui viennent". "Nous savons qu'il y a des opérations qui (...) se préparent encore, pas seulement contre la France, mais contre d'autres pays européens".

Sur le plan politique, après avoir consulté individuellement les dirigeants des différentes formations politiques dimanche, le président François Hollande s'adressera à l'ensemble des sénateurs et députés réunis en congrès à Versailles à 15 h 00 GMT, pour réaffirmer sa détermination face à la menace terroriste et "rassembler la Nation".

Mais cette réunion solennelle prendra une dimension politique. Le parti d'opposition de droite, Les Républicains (LR), a obtenu que les groupes parlementaires puissent faire entendre leur voix à cette occasion. Chacun d'entre eux s'exprimera dix minutes à l'issue du discours, une fois le chef de l'Etat parti.

Avec AFP