Au Cameroun, la corruption persiste selon un récent rapport de la CONAC

Le président de la CONAC, Dieudonné Massi Gams (en bleu) remet le rapport 2023 sur la lutte contre la corruption au président de Transparency international Cameroun à Yaoundé le 26 septembre 2024 . VOA / Jules Emmanuel Ntap

La corruption a fait perdre plus de 114 milliards de francs CFA à l’État camerounais en 2023. Selon le rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2023, on assiste à une montée en puissance des institutions impliquées dans le recouvrement des avoirs issus de la corruption.

La corruption fait encore des ravages au Cameroun d’après le rapport sur l’état de la lutte contre la corruption en 2023 présentée par la commission nationale anti-corruption (CONAC). D’après la CONAC, le Cameroun a subi un important préjudice financier en raison d'actes de corruption et d'infractions assimilés de plus de 114 milliards de francs CFA en 2023. Le montant a été établi sur la base « des enquêtes menées par la CONAC, les décisions du conseil de discipline budgétaire et financière et celles rendues par le tribunal criminel spécial », compétent en matière de détournement des fonds publics a expliqué Dieudonné Massi Gams président de la commission nationale anti-corruption.

Cette somme, 114 milliards 35 millions et 922.502 francs CFA, est en augmentation très nette par rapport à l’année 2022 où elle était de 4 milliards 623 millions 418.918 CFA, selon le rapport. « L’augmentation enregistrée, qui est de 109 milliards 412 millions et 503.584 s’explique par le nombre de dossiers ayant donné lieu aux 16 missions d’enquêtes de la CONAC, les 43 décisions rendues par le conseil de discipline budgétaire et financière et le Tribunal criminel spécial ainsi que la nature des affaires ayant donné lieu aux missions d’enquête de la CONAC ainsi qu’aux décisions du conseil de discipline budgétaire et financière et celles du Tribunal criminel spécial », a précisé Dieudonné Massi Gams, président de la commission nationale anti-corruption.

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Au Cameroun, le préjudice financier de la corruption accable l'État

Le rapport n’a pas fait mention des affaires Glencore et Bourbon dans lesquelles des agents publics Camerounais de deux sociétés d'hydrocarbures et de la direction générale des impôts ont été cités pour avoir perçu des pots-de-vin. « Sans désemparer, nous allons continuer à nous battre pour que le gouvernement se prononce sur ces deux affaires mais jusqu’ici le Cameroun n’a encore rien dit, la Société nationale des hydrocarbures nous a informé que le tribunal criminel spécial avait déjà été saisi mais nous n’avons pas eu la preuve de cette saisine », regrette Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency international Cameroon.

Sur cette question, le président de la CONAC invite les Camerounais à plus de patience tout en affirmant que « lorsqu’on fait des investigations, il faut le faire avec tout ce que cela comporte comme délicatesse et sérieux, parce qu’on ne peut publier que les résultats des investigations et la CONAC a déjà fait des investigations et orienté certains de ces résultats obtenus vers des secteurs qui doivent continuer à compléter les informations que la CONAC demande » . Il a jouté qu'ils attendent également « les informations des institutions concernées», c’est dit-il, « un problème international ».

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Le rapport souligne, par ailleurs, que la corruption demeure galopante dans le secteur éducatif, les transports, au niveau des collectivités territoriales décentralisées, et au sein de l’administration territoriale pour la signature et la délivrance des documents officiels. « Il y a des réels problèmes qu’on vit sur le terrain, le cas des faux titres fonciers, si on a implanté une borne là ça ne devrait pas être, on peut comprendre mais lorsque ça devient récurrent, ça veut dire qu’il y a un problème de corruption derrière, le problème c’est de savoir à quelle échelle se trouve la corruption », estime Edith Flaure Mipo, une architecte.

Le nombre de dénonciations reçues par la CONAC sur des allégations de corruption est en augmentation. Près de dix mille agents publics ont été sanctionnés ou licenciés l’an dernier pour des pratiques de manquement à l’éthique. Dans le domaine de la lutte anti-blanchiment, l’Agence Nationale d’Investigation financière a reçu 965 déclarations de soupçon contre 869 en 2022, soit une hausse de 11,05%.