Les 150 législateurs, membres de la région Afrique de l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), affirment que de nombreux pays africains francophones souffrent d'une profonde instabilité politique et économique et de menaces pour leur sécurité. Au cours des quatre dernières années, plusieurs anciennes colonies françaises ont connu des putschs ou des prises de pouvoir menés par les militaires, notamment au Niger, au Burkina Faso, en Guinée, au Mali, au Gabon et au Tchad.
Lire aussi : Après le Mali et le Burkina, l'armée française quitte le NigerOutre ces prises de pouvoir par les militaires, plusieurs États francophones africains ont à leur tête des dirigeants depuis longtemps au pouvoir. Le président du Cameroun Paul Biya est au pouvoir depuis 41 ans. Theodoro Obiang Nguema est à la tête de la Guinée équatoriale depuis 45 ans et Denis Sassou Nguesso dirige la République du Congo depuis 1979, avec un intermède entre 1992 et 1997.
S'exprimant à Yaoundé mercredi, Francis Drouin, le président de l'APF, estime que les jeunes des pays africains francophones se plaignent de l'instabilité politique qui reste élevée et que les civils sont mécontents parce que leurs libertés sont étouffées par des dirigeants au pouvoir depuis longtemps et par des gouvernements militaires. La pauvreté, l'absence de démocratie et les menaces qui pèsent sur la sécurité plongent les civils dans la souffrance et la misère. Selon lui, les jeunes de la région aspirent à la liberté de participer à la prise de décision.
Le Sénégal érigé en exemple
Les législateurs participant à la conférence se sont félicité de l'exemple de démocratie donné par le Sénégal où le président sortant Macky Sall a cédé le pouvoir à Bassirou Faye, qui est selon eux un jeune homme de 40 ans avec de nouvelles perspectives. Les législateurs affirment par ailleurs que l'influence de la France sur ses anciennes colonies africaines est une source d'inquiétude pour les jeunes leaders qui veulent prendre en main les questions nationales.
Analyste politique et coordinateur d'A New Day, l'un des partis politiques d'opposition du Tchad, Djelassem Donangmbaye Felix critique la présence des troupes françaises dans les anciennes colonies. Selon lui, ces troupes protègent les dirigeants fidèles à la France ou déstabilisent les gouvernements qui s'opposent à l'influence de Paris. C'est la raison pour laquelle l'opposition et la société civile tchadiennes ont demandé à la France, en décembre 2023, de retirer immédiatement les troupes qui sont arrivées dans le pays après avoir été sommée de quitter le Niger voisin par la junte militaire.
Les autorités nigériennes accusent la France de ne pas avoir résolu la crise sécuritaire qui a fait des milliers de morts et des millions de déplacés au Niger. M. Djelassem estime que les troupes françaises stationnées au Tchad n'ont jamais aidé le gouvernement à lutter contre les groupes armés et les rebelles qui déstabilisent le pays.
La France n'a pas répondu à cette accusation, mais en mars, Jean-Marie Bockel, l'envoyé du président Macron pour l'Afrique, a déclaré après une réunion avec le président tchadien que la France maintiendrait ses troupes au Tchad. Il a précisé que ces troupes aideraient à combattre les djihadistes au Burkina Faso, au Mali et au Niger.