En cette fin mars, l'ONU est en mission pour rapatrier un premier groupe de 100 Centrafricains, sur les 6.000 qui résident dans le camp, pour la première fois depuis le début du conflit en Centrafrique, en 2013.
Certains rient et dansent, d'autres versent des larmes: ils vont rentrer dans une des rares régions pacifiées de leur pays. Ailleurs, les violences y sont quotidiennes et les civils sont régulièrement pris pour cibles par les groupes armés.
"Un jour, un obus est tombé près de ma maison, et a tué deux de mes voisins. Ca m'a poussé à quitter la Lobaye (sud-ouest de la Centrafrique) pour Bétou, avec mes trois enfants", raconte Tatiana, devant sa maison vidée.
Elle a rassemblé toutes ses affaires devant le camion porte-conteneurs du HCR qui transportera les maigres biens des réfugiés jusqu'au centre de transit de Mongoumba, en terre centrafricaine.
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Pour elle, ce rapatriement est synonyme de retour à la maison : "Je suis contente de rentrer. Ici, il y a peu de soutien, alors qu'en Centrafrique, c'est chez moi, je peux avoir mon champ".
Dans les semaines qui viennent, le HCR prévoit de faire revenir 600 Centrafricains réfugiés en République du Congo et qui ont manifesté le désir de rentrer chez eux, depuis la région de Likouala ou de Brazzaville.
"On va assurer leur transport avec le HCR de Centrafrique", explique Jean-Claude Kourouma, chef du bureau HCR de Betou. "Chaque membre de la famille, qu'il soit enfant ou adulte, recevra un certain montant qui va permettre d'assurer la réinsertion".
C'est le premier rapatriement d'importance de Centrafricains réfugiés au Congo, où plus de 32.000 d'entre eux ont dû fuir à partir de 2013, quand la Séléka, une coalition armée promusulmane venue du nord de la Centrafrique, a marché sur Bangui et renversé le président François Bozizé.
"L'homme se sent mieux chez lui", philosophe Sébastien Sangba, ancien président des réfugiés centrafricains de Betou. Chez ces premiers rapatriés, le désir de retour domine, malgré l'assistance multiforme fournie par le HCR au Congo, notamment dans la région de la Likouala.
Le HCR y distribue des kits d'éducation, paye une partie du salaire de 60 professeurs, a financé la construction d'un centre de santé...
"Il n'y a pas la paix"
D'autres réfugiés, venus dire au revoir à leurs compatriotes, expriment encore des craintes à l'idée de retourner chez eux.
"La communauté musulmane est prête a rentrer mais c'est difficile car il n'y a pas la paix", explique Abdoulaye Mamadou Konate.
Cet ancien imam du PK5, le quartier musulman de Bangui souvent au centre de tensions, a dû fuir en 2014, quand les maisons de ses proches ont été saccagées.
"J'avais reçu des menaces, j'ai toujours peur de rentrer, car mon nom ressemble à celui de Michel Djotodia", l'ex-chef de la Séléka devenu président autoproclamé de la Centrafrique, explique pour sa part Hubert Endjin Djotojo, en observant ses proches embarquer, samedi matin, dans trois camions du HCR.
"Il y a de la tristesse et il y a de la joie", murmure-t-il, alors que le convoi démarre et s'engage sur la piste qui mène à la frontière.
La route qui sort de la ville est bordée par une haie d'honneur de réfugiés et d'habitants, venus faire un dernier adieu aux rapatriés.
"Je ne sais pas si mon mari est toujours en vie, et si ma maison est en bon état", souffle Tatiana au moment d'embarquer.
Passé du côté centrafricain de la frontière, le convoi est accueilli par le ministre de la Sécurité, Henri Wanzet, venu de Bangui pour l'occasion. "Je demande à ceux qui occupent illégalement les terres et les maisons des rapatriés de les libérer", martèle-il.
Les 100 Centrafricains n'écoutent guère, fatigués du voyage, un discours qui ne s'adresse pas à eux. Ils dormiront dans un centre de transit à Mongoumba, dans la province de la Lobaye, dans le sud-est de la Centrafrique, avant de poursuivre leur route vers leurs villages.
Avec AFP