Au Kenya, deux médecins cubains enlevés par des islamistes somaliens shebab présumés

Officiers de brigade de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) à Dhobley, Somalie, 30 septembre 2012.

Deux médecins cubains ont été enlevés et un policier assigné à leur protection tué vendredi à Mandera, une ville du nord-est du Kenya à la frontière avec la Somalie, par des hommes armés soupçonnés d'être des islamistes radicaux shebab.

"Aujourd'hui, vers 09H00 (06H00 GMT), des militants shebab présumés ont enlevé deux médecins cubains en poste à l'hôpital de Mandera", a indiqué le gouverneur du comté de Mandera, Ali Roba, dans un communiqué.

Le porte-parole de la police kényane, Charles Owino, a précisé lors d'une conférence de presse à Nairobi que les deux hommes, escortés par deux policiers, se rendaient sur leur lieu de travail vendredi matin lorsque leur véhicule a été bloqué par deux voitures tout-terrain.

Un des deux policiers a été tué par les assaillants, qui "sont parvenus à enlever les deux médecins et à traverser la frontière (somalienne, ndlr) avec eux", a ajouté le porte-parole. Le chauffeur du véhicule qui emmenait les médecins vers l'hôpital a été arrêté et subit "en ce moment" un interrogatoire.

Le chef de la police kényane Hillary Mutyambai a souligné dans un communiqué que "nos agences de sécurité travaillent avec les agences de sécurité du gouvernement somalien pour poursuivre les ravisseurs en Somalie, avec pour objectif de secourir les victimes".

Un haut responsable policier en poste à Mandera a soutenu à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, qu'"au vu de la manière dont ils ont procédé et du fait qu'ils se sont dirigés vers la frontière somalienne, nous avons des raisons de croire que les ravisseurs sont des shebab".

Le gouverneur du comté de Mandera a lui présenté ses condoléances à la famille du policier tué "alors qu'il protégeait les vies de nos médecins cubains".

Les deux médecins, un généraliste et un chirurgien, font partie d'un groupe d'une centaine de médecins cubains déployés à travers le Kenya depuis mi-2018 pour renforcer les services de soins de santé dans ce pays d'Afrique de l'Est.

En novembre, une bénévole humanitaire italienne avait été enlevée dans un village du sud-est du Kenya par un groupe armé qui a ouvert le feu sur les habitants et blessé cinq personnes. Elle n'a pas encore été retrouvée.

La police avait à l'époque mis en garde contre les spéculations liant cet enlèvement aux islamistes somaliens shebab, responsables ces derniers mois de plusieurs attaques à l'aide d'engins explosifs artisanaux contre les patrouilles de police et de l'armée dans les régions frontalières du nord et de l'est kényan, près de la Somalie.

Les enlèvements d'étrangers demeurent rares au Kenya, mais ils peuvent avoir un effet dévastateur sur le secteur crucial du tourisme.

Une série de kidnappings sur la côte en 2011 avait été marquée par la mort d'un Britannique et l'enlèvement de son épouse. Quelques semaines plus tard une Française avait été enlevée chez elle dans l'archipel de Lamu.

Peu après, des shebab avait enlevé deux humanitaires espagnols du camp de réfugiés de Dabaab, proche de la frontière somalienne.

Depuis 2011, l'armée kényane participe à la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom) qui lutte contre les shebab, affiliés à Al-Qaïda.

L'Amisom compte plus de 20.000 soldats venant essentiellement du Burundi, d'Ouganda, d'Ethiopie et du Kenya. Les forces kényanes sont notamment déployées dans le Jubaland, de l'autre côté de la frontière commune avec la Somalie.

Les shebab tentent depuis 2007 de renverser le fragile gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale et par l'Amisom.