Le Parti authenticité et modernité (PAM, libéral), principal parti d'opposition, a donné ce week-end le ton de la campagne à venir en se réunissant à Casablanca.
"La persistance de la situation actuelle risque de mener le pays à la catastrophe", a averti son secrétaire général, Ilyas el-Omari, en annonçant clairement son ambition de prendre la tête du gouvernement.
"Les Marocains aspirent au changement qu'incarne le PAM", a assuré M. Omari, dont les propos étaient rapportés lundi par la presse. La bataille électorale à venir vise donc à "sauver" et "libérer" le pays, selon lui.
Les législatives du 7 octobre s'annoncent particulièrement serrées. Davantage que pour le précédent scrutin de la fin 2011 lorsque le parti islamiste Justice et Développement (PJD) avait remporté un succès historique dans le sillage des Printemps arabes, des contestations de rue au Maroc et d'une vaste réforme voulue par le roi Mohammed VI.
Le PJD est depuis lors à la tête d'un gouvernement de coalition, qui compte quatre formations. Il est arrivé deuxième aux municipales de septembre 2015 derrière le PAM, le devançant cependant d'une courte tête en nombre de votes.
Cheikh salafiste
Principal rival des islamistes, le PAM, d'obédience libérale et fondé en 2008 par un proche conseiller du roi, est aujourd'hui très critique du bilan socio-économique du PJD.
Le programme détaillé du PAM pour les législatives a été présenté samedi devant les militants et sera rendu public dans les prochains jours, le parti promettant une plus grande représentation des femmes parmi ses candidats.
Réagissant aux déclarations de M. el-Omari, une responsable du PJD, Nezha Elouafi, a brocardé les "illusions vendues" par le PAM et ses "moyens illégitimes" mis en oeuvre selon elle pour bloquer l'action gouvernementale.
La formation islamiste a rendu public vendredi soir les noms de 74 candidats têtes de liste aux législatives, sur un total de 92 circonscriptions.
Selon cette liste, qui reste à compléter, le Premier ministre et secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, se présentera dans son fief de Salé, près de la capitale Rabat.
La majorité des ministres du PJD participeront à ces élections. "Le PJD a mis à contribution la plupart de ses ténors. Il met donc tout son poids dans cette élection qui sera très serrée", observe le site d'informations en ligne Médias24.
Une figure salafiste, Hammad Kabbaj, sera également tête de liste pour le PJD à Marrakech. L'homme, qui n'est pas membre du parti, "est loin d'être modéré", selon Médias24, qui rappelle ses positions "extrêmes" sur le statut des femmes ou contre "les juifs".
Cette candidature "surprise" vise pour le PJD "à se rapprocher des salafistes prêts à s'insérer dans le jeu politique", alors que leur "poids électoral reste certes limité, mais leur audience assez considérable", estime lejournal en ligne HuffingtonPost Maroc.
Les représentants des quatre partis qui forment la majorité devraient présenter le 2 septembre le bilan de leur action à la tête du gouvernement.
"L'affaire du MUR"
Près de 15 millions de Marocains sont enregistrés sur les listes électorales et en 2011 le taux de participation avait été de 45%. Une trentaine de partis devraient briguer les 395 sièges de la Chambre des Représentants (la chambre basse du parlement), élus pour cinq ans à la proportionnelle.
La campagne débute officiellement le 25 septembre, et les autorités ont interdit tout sondage à compter du 9 septembre.
La pré-campagne a été marquée par l'affaire du "MUR", du nom de l'aile religieuse du PJD, dont deux responsables d'une soixantaine d'années ont été arrêtés le 20 août par la police sur une plage dans "une posture sexuelle". Un leader islamiste a dénoncé "une machination policière" pour discréditer le PJD à l'approche du scrutin. Les services de sécurité ont démenti, insistant sur le caractère "fortuit" de cette arrestation.
Le ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad a rencontré jeudi les représentants des partis afin de faire le point sur les mesures pour "garantir la transparence et la crédibilité" du scrutin.
Avec AFP