"Onze civils peuls ont été enlevés mardi vers le fleuve Bani (la rivière Bani, un affluent du Niger NDLR) alors qu'ils allaient à la foire de Sofara par des miliciens dogons venus à motos", a déclaré à l'AFP Abdoul Aziz Diallo, président de "Tabital Pulaaku", principale association peule au Mali.
"Ce jeudi, nous avons la preuve qu'ils ont été exécutés par la milice des chasseurs", a-t-il affirmé.
Dans le centre du Mali, les violences intercommunautaires se multiplient depuis trois ans entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture.
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Ousmane Cissé, membre de Tabital Pulaaku Afrique, une autre association peule, a également confirmé à l'AFP "l'assassinat de 11 civils peuls (...) qui se dirigeaient vers la foire de Sofara", à quelque 80 km au sud de Mopti.
Le bilan est plus élevé, selon un élu de cette région qui a évoqué, sous couvert de l'anonymat, "quatorze civils peuls, tous mariés et chefs de famille, enlevés et froidement assassinés", attribuant ces meurtres aux "chasseurs basés dans le village Tréta".
Outre les 11 personnes enlevées près de la rivière, "quatre autres civils peuls ont été arrêtés ensuite", a poursuivi cette source, selon qui "tous ont été conduits dans le village de Kunti" où ils "ont été assassinés".
"Mais un civil a pu s'échapper en faisant le mort" et a "donné tous les détails", a ajouté l'élu.
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Les familles des défunts ont reçu mercredi soir "des bouts de vêtements" pour leur permettre "de faire les cérémonies de deuil", a-t-il dit.
Une précédente attaque avait entraîné la mort de 17 civils peuls le 25 juillet. Elle avait été attribuée à des chasseurs de l'ethnie Dogon.
Depuis le début de l'année, la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a recensé une centaine d'"incidents de violence intercommunautaire qui ont fait au moins 289 morts parmi les civils", selon un bilan de l'ONU publié le 17 juillet.
Près de 77% de ces incidents "se sont produits dans la région de Mopti", avait-il été précisé.
Les Peuls dénoncent régulièrement des exactions à leur encontre, au nom de la lutte contre les jihadistes, de la part de groupes de chasseurs armés, tolérés voire encouragés selon eux par les autorités ou l'armée.
Avec AFP