Au moins 40 civils se noient dans le Nord-Ouest de la RDC

La rivière Ubangi, frontière naturelle entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville, Dongo, le 27 septembre 2011.

Au moins quarante civils sont morts noyés dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo en fuyant vers le Congo-Brazzaville voisin des violences entre l'armée et des "assaillants", selon le vice-gouverneur de la province du Sud-Ubangi.

Plusieurs embarcations transportant des villageois ont chaviré sur la rivière Ubangui, un affluent du fleuve Congo qui marque la frontière entre les deux pays éponymes. "Jusqu'à mercredi soir, nous avons récupéré quarante corps sans vie des personnes noyées alors qu'elles traversaient cette rivière sous des fortes pluies accompagnées d'orages", a déclaré à l'AFP Jean Bakatoye, vice-gouverneur de la province du Sud-Ubangi (nord-ouest).

"Le bilan est encore provisoire parce que d'autres corps sont charriés plus loin par les eaux de la rivière", a ajouté M. Bakatoye.

Les faits remontent à lundi selon lui: "un mouvement de panique a été constaté à Dongo ayant poussé la population à fuir vers le Congo-Brazzaville après l'attaque à l'arme blanche d'une position de l'armée par des hors-la-loi".

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Cet assaut a aussi blessé "quelques soldats", a-t-il ajouté.

Quatre témoins contactés par l'AFP ont indiqué avoir vu les corps de deux soldats congolais et quatre assaillants tués "par balles" après ces affrontements dimanche.

L'arrivée des renforts de l'armée a fait paniquer des habitants qui ont bravé le mauvais temps, en tentant de traverser vers le Congo-Brazzaville, selon le vice-gouverneur.

Les habitants de cette zone reculée de Dongo, frontalière du Congo-Brazzaville et de la Centrafrique, sont marqués par le souvenir des violences liées à la rébellion de la communauté Enyele en 2009 et des opérations de l'armée congolaise qui ont mâté les insurgés en 2010.

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Le bilan avait été de 270 morts, ainsi que 200.000 réfugiés et déplacés.

A l'époque, les Enyele et les Munzaya, deux communautés d'agriculteurs-pêcheurs (désignées par le nom de leur village respectif), s'étaient affrontés pour le contrôle d'étangs poissonneux.

Rapidement, ce qui avait au départ tous les airs d'un de ces conflits de voisinage si fréquents au Congo, s'est étendu et a dégénéré en véritable insurrection contre les institutions provinciales et nationales.

Le chef de ce mouvement insurrectionnel, Udjani Mangbama, avait été tué en mai 2014 lors d'une opération de police à Brazzaville où il s'était réfugié. Il avait opposé une farouche résistance aux forces de sécurité venues l'interpeller tuant trois policiers brazzavillois.

Un autre conflit a récemment resurgi, à l'autre extrémité du pays dans le nord-est, en Ituri, où plusieurs tueries ont fait 263 morts depuis décembre.

Entre 1999 et 2003, un conflit entre deux communautés (Lendus agriculteurs et Hémas éleveurs et commerçants) avait fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Des élections sont prévues le 23 décembre de cette année pour le départ et la succession du président Joseph Kabila, toujours en poste alors que son deuxième et dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

Ave AFP