Au moins 50 civils tués en un an par un nouveau groupe armé en Centrafrique

Des familles vivent dans des camps de réfugiés pour échapper aux violences dans le nord de la Centrafrique, ici à Kaga-Bandoro, Cle 16 février 2016.

Un nouveau groupe armé prétendant défendre les Peuls a tué "au moins" 50 civils depuis sa création fin 2015 dans le nord-ouest de la Centrafrique, près du Cameroun, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

"Le groupe 'Retour, Réclamation et Réhabilitation' ou '3R', a tué et violé des civils, et provoqué des déplacements de population à grande échelle au cours de l'année écoulée", affirme l'association de défense des droits de l'homme dans un rapport publié sur leur site internet.

"Les forces de maintien de la paix des Nations unies dans la région n'ont pas été en mesure de protéger pleinement les civils", ajoute HRW qui avait déjà dénoncé la Mission des Nations unies (Minusca, plus de 12.000 hommes) au sujet d'une attaque d'autres groupes armés contre des civils à Kaga Bandoro (centre) en octobre.

"Entre le 21 et le 27 novembre 2016, Human Rights Watch a enquêté sur le meurtre d'au moins 50 civils" dans deux sous-préfectures du nord-ouest "théâtre d'une crise émergente".

Les témoins "ont décrit comment les membres de 3R tuaient les civils par balle, violaient des femmes et des jeunes filles, et pillaient et brûlaient des villages", selon le rapport.

"Les actes de ce groupe armé ont provoqué le déplacement d'au moins 17.000 personnes", poursuit le rapport, qui estime que "le nombre des victimes de '3R' est probablement plus élevé".

"3R", l'un des nombreux groupes armés encore actifs en Centrafrique, est apparu fin 2015 sous le commandement d'un général autoproclamé nommé Sidiki pour protéger la communauté Peul contre les attaques des milices anti-balaka à majorité chrétienne, selon HRW.

Le pays peine à se relever du conflit communautaire ouvert en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par l'ancienne rébellion Séléka, à dominante musulmane.

Sa prise de pouvoir avait entraîné la contre-offensive des groupes armés anti-Balaka à majorité chrétienne, ce qui avait provoqué la mort de milliers de personnes, et des centaines de milliers de déplacés et réfugiés.

L'intervention militaire française Sangaris (décembre 2013-octobre 2016) et celle de la Minusca ont stabilisé la situation et permis l'élection dans le calme en début d'année du président Faustin-Archange Touadéra.

Mais, outre le "3R", d'autres groupes armés sont encore actifs dans l'intérieur du pays, comme les factions ex-Séléka UPC d'Ali Darass et FPRC de Nourredine Adam, qui se sont violemment affrontés en novembre à Bria à 400 km au nord-est de Bangui.