Sept civils tués dans une attaque attribuée à un groupe islamiste au Mozambique

Un deuil au Mozambique, le 10 mai 2018.

Sept civils ont été tués et plus de cent maisons brûlées mardi dans l'extrême-nord du Mozambique lors d'une attaque attribuée à un groupe islamiste qui a multiplié les coups de main meurtriers ces derniers mois dans la région.

Ce nouveau drame intervient dix jours après le massacre à la machette de dix personnes.

L'opération sanglante de mardi a visé le village de Naude, dans la province du Cabo Delgado, tout près de la frontière avec la Tanzanie.

Les assaillants "sont arrivés en silence dans la nuit. Ils ont attaqué le village. Ils ont tué sept personnes et en ont blessé quatre", a déclaré le porte-parole national de la police, Inacio Dina, ajoutant que 164 maisons avaient également été détruites par le feu.

"Ces bandits ont tué sept personnes avec des machettes", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Maputo.

"Nous pensons qu'ils font partie du même groupe qui a décapité dix personnes" dans deux autres villages plus au nord le 27 mai, a-t-il encore dit.

Lancée aux trousses des auteurs des massacres perpétrés fin mai, la police a tué samedi neuf "insurgés" et saisi des fusils d'assaut et des documents rédigés en arabe.

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La police attribue désormais toutes ces attaques à un même groupe de jeunes musulmans radicaux connu localement sous le nom d'"al shabab" - "les jeunes" en langue arabe - qui a émergé en octobre dernier.

"C'est le même groupe que celui qui a attaqué le 5 octobre 2017", a affirmé mardi Inacio Dina.

Cette nuit-là, des dizaines d'hommes armés avaient pris d'assaut le commissariat de police et une caserne de l'armée dans la ville de Mocimboa da Praia, dans la même province du Cabo Delgado.

La police n'avait pu reprendre le contrôle de la ville qu'au bout de deux jours de combats, qui s'étaient soldés par la mort de deux policiers, d'un chef local et de 14 "assaillants".

- "Terrorisme" -

La police et le gouvernement affirment depuis des mois avoir rétabli l'ordre. Mais des violences attribuées à ce groupe continuent à agiter la région, proche des énormes champs gaziers récemment découverts au large des côtes mozambicaines.

Selon de nombreux témoignages recueillis sur place par l'AFP en mars, le groupe "al-shabab" a émergé dans la région du Cabo Delgado en 2014 et prône un islam radical.

De nombreux habitants l'accusent d'avoir procédé depuis octobre à plusieurs dizaines de rapts, en majorité de femmes, à l'image des enlèvements pratiqués à grande échelle par le groupe islamiste Boko Haram au Nigeria.

Les autorités mozambicaines refusent toutefois catégoriquement de qualifier cette vague de violences de "terrorisme".

"Ils commettent des crimes de droit commun. Des homicides, des incendies volontaires, des destructions de biens. Nous n'appelons pas ça du terrorisme", a insisté mardi le porte-parole de la police, "nous les considérons comme des criminels car ils n'émettent aucune revendication".

Plus de 300 personnes soupçonnées d'être proches de ce groupe ont été arrêtées depuis octobre, selon les autorités. La procureure générale Beatriz Buchili avait affirmé fin avril que 133 d'entre elles étaient détenues dans l'attente d'un procès.

Le Mozambique compte officiellement 17% de musulmans, pas loin du double selon les responsables de leur communauté.

Ces violences interviennent dans une partie du Mozambique largement oubliée par l'essor économique des années 2000, qui a suivi la guerre civile meurtrière de 1976 à 1992.

D'énormes gisements de gaz offshore ont toutefois été découverts dans la région. Surendetté et englué dans la crise, le gouvernement de Maputo en espère des retombées financières sonnantes et trébuchantes.

"L'attente de ces retombées a accru le sentiment d'inégalités parmi les populations marginalisées du Cabo Delgado (...), cela a contribué à la radicalisation des jeunes", a analysé pour l'AFP Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House.

"Il est urgent que le gouvernement (...) réduise les inégalités, la pauvreté et le chômage des jeunes", a-t-il souligné.

Avec AFP