Les Nations unies et l'ONG Save the Children ont indiqué mardi que 10.000 personnes ont fui leur foyer au cours de la semaine écoulée. Le pays est en proie à des violences jihadistes depuis octobre 2017, qui ont déjà fait près de 4.000 morts, selon l'ONG Acled, et forcé 820.000 personnes à fuir.
Jusqu'ici, les groupes armés sévissaient principalement dans l'extrême nord-est de la province pauvre mais riche en ressources naturelles du Cabo Delgado, à majorité musulmane, près de la frontière avec la Tanzanie.
Mais début juin, une série d'attaques a eu lieu plus au sud, dans le district d'Ancuabe, à environ 45 km de la ville portuaire de Pemba, capitale de la province. Une région considérée comme "sûre" jusque-là, relève Save the Children.
"Au moins quatre personnes ont été décapitées dans ces récentes attaques, une première dans le district", selon l'ONG dans un communiqué. Les habitants des villages environnants, qui ont pris la fuite, ont décrit décapitations, viols, incendies de maisons et enlèvements notamment de jeunes garçons, poursuit l'ONG.
"Des gens ont pris des photos, tout cela a bien eu lieu", a déclaré Antonio Kalimuka, un habitant d'un village qui a fui avec sa famille, joint par l'AFP au téléphone.
Lire aussi : Attaque jihadiste dans une mine mozambicaine: deux agents de sécurité tuésDans une autre attaque, deux agents de sécurité travaillant dans une mine situé dans le même district situé à l'intérieur des terres, ont été tués la semaine dernière.
"Le 8 juin, notre site d'Ancuabe a été visé par une attaque de groupes armés", a déclaré mardi dans un communiqué la compagnie minière Triton Minerals. "Deux agents de sécurité/gardiens ont été mortellement blessés". L'entreprise australienne exploite le graphite dans la région.
Guérilla
Selon des sources diplomatiques et humanitaires, les déplacements sont restreints depuis le début du mois, en raison d'une multiplications des violences. Après une attaque d'envergure en mars 2021, les violences avaient pourtant connu une baisse d'intensité, en partie liée au déploiement de forces militaires régionales.
Une attaque surprise sur la ville portuaire de Palma avait fait plusieurs dizaines de morts et contraint le géant français de l'énergie, TotalEnergies, a suspendre un projet de gaz naturel pesant 16,5 milliards d'euros, situé à seulement quelques kilomètres.
Lire aussi : Le président Kagame visite les soldats rwandais déployés au MozambiqueDepuis juillet, le Rwanda et les pays voisins d'Afrique australe ont déployé plus de 3.100 soldats en appui à l'armée mozambicaine en difficulté. Les groupes jihadistes retranchés dans les terres ont toutefois continué à mener des attaques sporadiques, adoptant une tactique plus classique de guérilla.
Les forces régionales (Samim) ont indiqué lundi dans un communiqué que "plusieurs terroristes ont été tués et d'autres gravement blessé" lors d'une opération militaire. Les troupes ont perdu un homme dans l'opération, six ont été blessés, ont-elles ajouté.
Le Mozambique tente ces derniers temps de convaincre sur ses succès dans la lutte contre les jihadistes, notamment pour rassurer ses investisseurs.
La découverte en 2010 des plus grandes réserves de gaz naturel d'Afrique subsaharienne avait fait miroiter au gouvernement des milliards de revenus annuels grâce aux projets gaziers, une manne pour le pays dont le PIB est de quelque 13 milliards d'euros. La plupart de ces projets sont aujourd'hui en suspens.