Au moins un manifestant a été tué, une dizaine blessés et 78 arrêtés samedi dans le centre-nord de l'Angola lorsque la police a ouvert le feu pour réprimer une manifestation d'un mouvement séparatiste, a rapporté son président.
Un millier de personnes ont défilé samedi à la périphérie de la ville de Cuango (province du Lunda Nord, 600 km à l'est de la capitale, Luanda) pour dénoncer la répression et les arrestations arbitraires commises, selon eux, par la police à l'encontre des partisans du Mouvement pour la protection de la région de Lunda Tchokwe.
"Un policier a tiré sur Pimbi Tchivutche", âgé de 35 ans et père de 8 enfants, qui est décédé, a rapporté José Zecamutchima, président de ce mouvement qui réclame l'indépendance de cette vaste région du nord de l'Angola.
Selon lui, un autre manifestant a été blessé par balles à la tête et hospitalisé, a affirmé M. Zecamutchima, qui a affirmé que les manifestants n'étaient pas armés.
"51 personnes sont toujours en détention sur 78 arrêtées. Treize personnes ont été blessées, dont quatre femmes et un jeune homme de 17 ans. A Cuango, nous avons recensé un mort", a déclaré mardi de son côté à l'AFP un responsable policier.
Des affrontements ont également eu lieu à Saurimo, capitale de la province du Lunda Sul, à environ 400 km à l'est de Cuango.
M. Zecamutchima a affirmé que son mouvement avait écrit en juin au président et aux autorités locales pour les informer de la tenue de cette marche.
"Ce régime doit arrêter de tirer sur les gens manifestant pacifiquement et exerçant leurs droits", a-t-il notamment lancé.
En mars 2016, les autorités angolaises avaient déjà arrêté cinq militants du mouvement Lunda Tchokwe, soupçonnés d'avoir tenté de tuer un policier. Ils sont toujours en prison.
Le président angolais José Eduardo dos Santos, 74 ans et au pouvoir depuis 1979, est critiqué par ses adversaires pour avoir mis l'Etat et l'économie en coupe réglée.
Son régime est aussi épinglé pour ses violations des droits de l'homme, notamment par la police et la justice qui répriment toute contestation.
L'Angola est avec le Nigeria l'un des deux principaux pays producteurs de pétrole d'Afrique subsaharienne, mais reste l'un des plus pauvres du continent.
Ce pays relativement stable a été le théâtre ces dernières années de violences séparatistes.
Le Front de libération de l'enclave de Cabinda (Flec) lutte ainsi depuis 40 ans dans l'enclave de Cabinda, très riche en pétrole et coincée entre les deux Congo. La majorité des 400.000 Cabindais vivent dans la pauvreté et des associations y dénoncent régulièrement des cas de torture et de violations des droits de l'homme.
Avec AFP