"Selon les informations dont nous disposons pour le moment, une jeune fille qui ne faisait pas partie de notre groupe a été tuée par une balle qui l'a atteinte" alors qu'elle se trouvait dans un bus, a déclaré à l'AFP Vincent Mashinji, secrétaire général du Chadema, joint par téléphone.
Selon des témoins, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles réelles pour disperser des centaines de membres du Chadema qui marchaient en direction d'un bureau local de la Commission électorale.
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La victime, dont le nom et la photo circulent sur les réseaux sociaux tanzaniens, était étudiante à Dar es Salaam, la capitale économique de la Tanzanie.
La police a expliqué samedi avoir recouru la veille à des tirs de sommation pour dégager la voie publique, et reconnu qu'une personne avait été touchée par balle.
"Ils (les partisans du Chadema) ont bloqué les bus de transport rapide et commencé à jeter des pierres. Lorsque la police a tiré en l'air, une balle a atteint cette personne", a indiqué le commandant de la police à Dar es Salaam, Lazaro Mambosasa, au journal privé Mwananchi.
"Dans nos rangs, la police a arrêté de nombreuses personnes, je ne peux dire combien pour l'instant. S'agissant des blessés, il y a au moins quatre blessés graves qui sont hospitalisés", a poursuivi M. Mashinji.
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Vendredi en fin de journée, à la veille d'une élection législative partielle dans le district de Kinondoni, à Dar es Salaam, les personnes désignées par le Chadema pour observer le déroulement des opérations de vote n'avaient toujours pas obtenu de la Commission électorale les autorisations écrites nécessaires.
Au terme de leur dernier meeting électoral, des centaines de membres du parti, conduits par le chef de l'opposition Freeman Mbowe, ont alors décidé de se rendre au bureau local de la Commission électorale pour réclamer ces accréditations.
"Ce n'est qu'à la nuit tombée, après effusion de sang, que la Commission a donné les autorisations à nos observateurs alors que ceux du CCM (le parti au pouvoir) en disposait depuis des jours", a dénoncé M. Mashinji.
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La semaine dernière, l'Eglise catholique de Tanzanie a dénoncé les violations des principes démocratiques et de la liberté d'expression par le gouvernement du président John Magufuli, en lui reprochant de mettre ainsi en péril "l'unité nationale".
Surnommé "Tingatinga" (bulldozer en swahili), le président Magufuli, 58 ans, a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption.
Mais son style peu consensuel et brutal lui vaut d'être qualifié d'autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d'expression est de plus en plus réduite dans le pays.
Avec AFP